Gotta really bad habit of losing my mind, Chasing my addictions @sasha
Se promener la nuit, dans une ville où rien ne peut se passer. Pas de gars chelou qui va te suivre dans une ruelle. Non, juste la liberté d’user ses baskets sur le bitume, sautiller, trottiner, danser, sans regards interloqués. L’australienne, elle passe de boutiques en boutiques, ayant la sensation d’explorer à la bougie des lieux qui cessent d’exister la nuit. Ou bien qui commence à vivre leur véritable moment, ça se trouve. Peut-être que dans les magasins de brocante, les trophées et autres bizarreries se mettent à danser, chanter, bouger quand l'œil humain n’est pas là pour les regarder. Elle n’a rien trouvé de suspect en tout cas et trottine déjà vers sa nouvelle destination, improvisant un grand jeté, basket aux pieds. Impossible de dormir pour elle cette nuit. Elle était clairement tenté d’aller chez les verts pour réveiller @Salem en pleine nuit pour le forcer à l’accompagner dans son insomnie. Elle a même envisagé Rocky, mais le traître dort paisiblement dans son panier au pied de son lit. Alors c’est l’aventure nocturne et solitaire, du moins c’est ce qu’elle imagine, qui la tiendra occupé quelques heures. Jusqu’à ce que le sommeil vienne alourdir ses paupières. Peut-être qu’elle va s’endormir sur le sol de la librairie, avec cette bd qu’elle vient de prendre au hasard. Pas forcément le genre qu’elle lit habituellement, mais la nuit est faite pour les découvertes non ? Ou peut-être de nouvelles rencontres ? C’est du moins ce qu’elle commence à penser, après avoir entendu la petite clochette qui signale la présence d’un nouveau client. Le regard en alerte, elle attend de découvrir qui sera son compagnon de nuit.

Sasha, elle a passé la soirée avec son équipe, à célébrer leur simple existence, à fêter le sauvetage de Mathis, à accueillir l'arrivée de Megan et aussi, un peu, dans son cas, à penser à Sanjay. Lui l'a peut-être même déjà oubliée, sa coéquipière d'une petite semaine, peut-être qu'il est retourné à ses mollusques et ses mathématiques, sans plus un regard en arrière, mais elle, elle l'a pas oubliée. Elle l'oubliera même sans doute jamais, parce que c'est plus fort qu'elle, Sasha, elle oublie pas les gens, elle a juste parfois un peu plus de mal à s'en souvenir. Elle les garde précieusement dans sa mémoire comme ces gens qui sont incapables de jeter quoi que ce soit. Elle les collectionne comme d'autres gardent les places de cinéma ou les petits mots entre amis ou amours. Quand ils finissent par évacuer le bar, après des heures passées tous ensemble, il fait encore bon dehors, l'air est frais et doux et Sasha, elle aime trop ça, d'être là, la nuit, à pouvoir exister sans qu'on lui demande rien. Elle aime la nuit parce que tout est permis et rien n'a d'importance. Elle pourrait simplement marcher en rond pendant cinq heures, et personne ne lui dirait rien. Alors elle dit au revoir aux autres qui rejoignent sans doute tous la chambre bleue, puis elle part de son côté, sans but, à flâner, à observer les vitrines éteintes, à s'asseoir sur les porches des bâtiments pour observer les étoiles et juste profiter du plaisir de pouvoir se promener en pleine nuit. Au bout d'un moment, c'est de la lumière au fond de la librairie qui attire son regard. Machinalement, comme un papillon de nuit attiré par la lumière, elle ouvre doucement la porte, pour ne pas heurter la quiétude ambiante. Elle évolue entre les rayons, le regard volubile, jusqu'à capter la silhouette de Bird. « Oh salut » elle souffle avec un beau sourire. Elle lit, Bird, assise dans une librairie fantôme à trois heures du matin. Et ça, ça lui plait, à Sasha. « Je peux venir près de toi ? » elle demande quand même. En tant normal, elle aurait même pas posé la question mais un truc dans l'atmosphère nocturne faisait qu'elle pouvait comprendre un besoin de solitude. Elle s'attendait pas trop à tomber sur quelqu'un. Le seul insomniaque notoire, de ce qu'elle sait, c'est Elvis, et il est rentré avec les autres il y a un petit moment. « Insomnie ? Moi j'ai pas envie de dormir. » Elle pourrait, elle se sentirait fatiguée si elle se forçait un peu, mais elle a juste pas envie. ça lui arrive souvent, parce que le sommeil, ça prend trop le pas sur la vie. Elle est pas de ces jeunes qui aiment dormir, un peu comme Dede. « ça faisait longtemps que j'avais pas profité de la ville en pleine nuit » elle souffle en s'asseyant à côté de Bird. C'est pas la même ville, pas la même vie, mais ça reste doux et paisible. Comme un placebo. Goûter à un truc qu'on pourra jamais avoir, donner un calmant pour couper la douleur. Parce que la réalité, c'est que Sasha, elle est beaucoup trop souvent dehors en pleine nuit, mais jamais seule ou jamais sans qu'on la culpabilise et que ça lui pourrisse d'avance le moment. Sasha, elle fait pas trop ce qu'elle devrait faire. Elle fait juste ce qu'elle a envie de faire. « J'ai pas envie de perdre une seconde de cette liberté. » Elle remonte ses genoux contre sa poitrine, le nez en l'air, perdu dans les bouquins.

Elle a toujours été proche de la nuit Bird. Que ce soit pour réserver la salle de danse pour des répétitions en solo, ou juste pour faire le point. Elle a toujours aimé évoluer dans la pénombre, avec les étoiles pour confidentes. Ce n’est pas étonnant de la retrouver à déambuler dans les rues vides de cette ville “fantôme”. A y chercher des secrets que seule la lune peut émerger. S'engouffrant dans la librairie, elle s’installe à même le sol pour lire la première bd qui passe. Ce n’est pas son genre favoris, Bird elle est plus du genre à lire des polars sur le quai de la gare ou des classiques au parc. Bientôt, la cloche de la boutique sonne, signifiant la présence d’un candidat. Curieuse, elle guette l'arrivée d’une noctambule comme elle. Ses yeux clairs se posent sur la silhouette de @Sasha, douce et intrigante française. Elle répond à sa salutation d’un geste de la main, plutôt ravie de pouvoir passer un moment avec la demoiselle. Parce qu’elle a quelque chose d’intriguant, que Bird à remarquer même dans ses silences et ses moments de solitude. Suffit de la côtoyer, même de loin, pour savoir que Sasha elle est pas banale, commune. Elle tapote la place à côté d’elle en guise de réponse, bien sûr qu’elle peut squatter. Les iris clairs de l’australienne s'accrochent à ses mouvements. Elle hoche la tête à la positive, impossible de trouver le sommeil. Mais de base c’est une fille de la nuit Bird, peut-être parce qu’on lui laissait pas forcément la place qu’elle méritait le jour. Alors elle a appris à déployer ses ailes lorsque la lune est haute et les étoiles brillantes. Elle, elle n’avait juste pas envie de dormir. Et elle voit bien dans les expressions de son visage, qu’elle n’avait pas envie de perdre de temps avec cette histoire qu’est le sommeil. Un petit sourire amusé se dépose sur les lèvres de la danseuse. La française semble impatiente de vivre des choses, tellement que le sommeil n’est qu'accessoire. Elle dépose son téléphone entre les pages de sa BD et commence à écrire quelques mots, pendant que la française lui parle de cette liberté qu’elle ne voudrait pas perdre. “T’as peur de louper les moments que la nuit pourrait t’offrir ?” La voix sans émotion se fait entendre, laissant une expression de lassitude sur le visage de l'australienne. Elle suit le regard de la française, qui se perd dans le haut des rayonnages de livres, puis retourne à son téléphone. “Tu ferais quoi là, si on était vraiment libre ?” À cette heure ? Elle serait aussi perdue dans les rues de Paris, à la recherche d’un moment précieux ?

Elle attend même pas la fin de l'accord que marque Bird pour filer s'asseoir à côté d'elle, Sasha, ravie de la capturer pour un moment entre elles. Bird, c'est ce genre de filles qui font un peu flipper, quand on ignore les fêlures dont elles sont couvertes. Parce qu'elles sont belles, parce qu'elles sont entourées, parce qu'elles donnent pas l'air d'être abordables aux autres, parce qu'elles sont inexorablement classes et irrésistiblement intéressantes. Il y a un peu de ça dans son aura, à Bird, dans les relations immédiatement fusionnelles qu'elle a tissées au sein du block, dans le port altier de son menton, dans ses mouvements de danseuse. Sasha, elle fonctionne par images, par photographies, par petits films qu'elle se fait dans son imagination, où tous ont une place, un rôle, une identité, et Bird, elle n'y fait pas exception. Sauf que ses films à elle, ils sont en évolution constante, ils déroulent leur pellicule au rythme de sa vie, comme une réalité autre où les "et si" sont devenus réels. Alors elle fonce tête baissée, Sasha, elle ignore ses peurs, ses gênes, ses doutes, elle les extrapole, les découvre, les embrasse, les prend à bras le corps, les vit jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien. Elle se fiche bien que Bird soit intimidante et le rose sur ses joues lorsqu'elle lui parle, ça fait partie d'elle. « J'aime la nuit » elle ronronne. Pas plus ou moins que le jour. Elle l'aime simplement. Il n'y a jamais vraiment de hiérarchie dans sa vie, toutes les fois où elle a dit à quelqu'un qu'il était l'être le plus cute, fort, doux, drôle de l'univers, elle pensait vraiment. Parce qu'elle aime simplement très fort, Sasha. « C'est le seul moment que tu as vraiment pour toi, rien que pour toi. » Elle a passé son adolescence a repoussé le moment d'aller dormir, de devoir éteindre son cerveau et couper le contact pour de bon. Parce que si elle ne va pas dormir, on ne sera pas encore demain, il arrivera moins vite, et elle aura encore tout le temps du monde pour vivre tout ce qu'elle a envie de vivre, et ressentir tout ce qu'elle a envie de ressentir. « Ton existence n'a aucun enjeu, pendant la nuit, personne ne te demande rien » elle souffle avec son sourire doucement mélancolique, un peu extatique. Elle lui pose une nouvelle question, Bird, et Sasha, elle s'anime tout de suite, comme toujours. Ses mains se réveillent, son dos se redresse, ses regard expressif balance mille émotions à la minute. « J'aurais pas à réfléchir à ce que je ferais si on était vraiment libre » elle répond instinctivement avant de rire d'un air heureux, rien que d'y penser. « Je danserais sur le bord de la Seine, je dormirais sur un banc, je parlerais à tous les gens que je croise, je partirais sans me retourner en prenant le premier train qui passe. » Tout ça et mille fois plus, tout ce qui lui viendrait sur le moment. La vérité, c'est que tout ça, elle le fait déjà, Sasha, en plein jour et parfois même en pleine nuit. Mais elle le fait en sachant qu'elle devrait pas, en sachant qu'elle est pas complètement libre. Et ça, ça change tout. « Et toi, tu ferais quoi ? » C'est qui, Bird, la nuit ? Et Bird le jour ? Et Bird libre ? « Dis Bird » elle dit finalement, Sasha, enfermée dans ses pensées, ses doigts entremêlés autour de ses bagues, son être tout entier qui tend vers la brune. « Ton silence, c'est une liberté ou une prison ? » elle lève son regard doux vers elle.