fire flies [jeu 06.05, 23:45]

Au crépuscule, il a emporté avec lui bougies, carnet et appareil photo, comptant faire de la librairie son refuge le temps d'une nuit. Pour ça, il a prévu duvet et oreilles au cas où une sieste le prend au milieu de la nuit. Entouré de bougie, la lumière tamisée recouvrant les lieux dans un clair-obscur parfait, il est penché sur des clichés qu'il a pris il y a un bail. Des clichés qu'il a accumulé avec le temps, qu'il a fini par en faire des tirages limités. Les clichés d'un autre temps, mêlés au présent. Ceux de l'isolement vécu avec ses camarades, la première semaine de l'aventure, des premières soirées entre bleus, des sourires échangés entre candidats. Tandis qu'il les classe avec attention, il entend un son retentir. Celui de la clochette, à l'entrée. Quelqu'un vient d'entrer. Il lève les yeux vers son mystérieux visiteur qui se trouve être @Daisy. Son regard s'adoucit, il lui sourit l'invitant à prendre place autour de la table. — Tu ne dors pas ?, qu'il lui lance, curieux. Il doit être tard. Elvis n'a plus aucun sens du temps, en ce moment. Paumé dans son monde intérieur, égaré dans les dédales de ses pensées.

Tu es dans une bonne équipe, avec une bonne dynamique et une bonne ambiance. Pour la première fois depuis le début de ce jeu, tu ne te sens pas de trop dans cette team rose. Mais malgré tout ça, tu ne dors pas beaucoup en ce moment. Il faut croire que ta nomination te travaille plus que prévu. Peut-être que tu vis tes derniers instants dans cette aventure ? Tu te décides, en pleine nuit, à rapporter au Bookshop les livres que tu avais emprunté il y a quelques jours, dans l'optique de te perdre une fois de plus dans les rayonnages et te laisser guider au gré de tes envies de lecture. Le tintement de la clochette résonne dans la petite boutique et tu croises, non sans un léger sursaut, un @Elvis qui avait élu domicile ici pour la nuit. Seigneur tu m'as fait peur ! que tu sors en bon français, avant de poser les quelques livres que tu rapportais sur une table. Tu les ranges, un à un, en bonne Assistante Documentaliste que tu es, puis tu t'approches de l'un de tes candidats préférés pour regarder ce qu'il fait. C'est toi qui a fait toutes ces photos ? Tu t'agenouilles, pour jeter un oeil, tout en restant assez éloignée. Tu ne sais pas s'il acceptera de te montrer ses clichés, peut-être préfère-t-il les garder pour lui, ce qui expliquerait sa venue ici. Histoire de se promener, à l'abri des autres, dans ses souvenirs. Ça va toi ? c'est une façon à peine déguisée d'en savoir plus sur la maladie dont il était question dans l'une des chroniques du prime dernier. Une information dont tu n'avais pas eu connaissance avant mais qui te restait en tête, inquiète de l'état de santé du jeune garçon.

En société, il n'a jamais rien connu d’assez fort pour le sortir de sa torpeur. Il se sent bien mieux seul, avec ses objets, ses appareils photo, ses cassettes vidéos. Il accumule les photos, les souvenirs simples, les années, les journées, avec engouement et avidité. De temps en temps, les souvenirs perdus lui reviennent quand il ne s'y attend pas et, le plus souvent, il aurait préféré qu'ils restent égarés. Il a le terrible sentiment qu'il y a encore certains compartiments dont mon subconscient a définitivement perdu la clé, de peur qu'il ne puisse pas faire face, mais qui un jour finiront par se déverrouiller comme d'autres avant eux. C'est comme s'ils attendaient qu'il soit assez fort pour accepter ce qu'ils révéleront. Il n'a pas vraiment hâte de voir ce qu'ils contiennent. Mais ces photos qu'il tient en main lui rappellent la maison, sa jumelle, son île. Il trouve du réconfort dans le sourire de Vel, dans le regard de sa mère, dans la moue de Kieve. Il est rattrapé par la réalité, retour au présent. La porte s'ouvre, ce n'est que @Daisy. La mignonne, Daisy. Qui a pris peur en le voyant. — Je ne savais pas que j'étais si repoussant. Il pouffe de rire avant de poursuivre son tri. Dans le lot, il y a quelques ratés mais ces imperfections ne le dérangent pas. — Oui, elles ne sont pas toutes réussies mais ça passe. Il hausse les épaules, puis se replonge dans son tri. Le seul truc qui lui permet de garder son attention, sinon son esprit dérive. — J'ai connu des jours meilleurs, on va dire. Désormais que tout le monde est au courant, il n'a pas plus besoin de cacher ses états d'âme. — Tu lisais quoi ? Elle est venue rapporter un livre il y a quelques minutes. Quel en est le titre ?

Il te répond dans le plus grand des calmes, @Elvis, lorsque tu débarques dans son antre et que tu pousses un cri en le voyant assis entre toutes ces étagères, éclairé à la bougie. Tu rangeais les livres que tu venais de terminer de lire avant de le rejoindre au milieu de son joli bazar. Mais noooon t'as une bonne bouille toi. Disons que je ne m'attendais pas à voir quelqu'un ici. Habituellement je ne croise jamais personne, surtout pas en pleine nuit. Tu faisais la maline hier quand tu avais emmené @Cleo avec toi au manoir abandonné, mais le karma t'a rattrapé ce soir en t'offrant une petite frayeur qui aurait bien fait rire la pauvre candidate que tu avais traumatisée le temps d'une expédition nocturne. Vous riez un instant et tu le vois ranger, classer, trier les clichés posés sur le sol autour de lui. Il te confirme en être le photographe. C'est pas drôle si elles sont toutes parfaites et sans défauts. Tu promènes tes yeux sur les nombreux tirages mettant en scène ses proches, des endroits qu'il a visité, des plats,... c'est comme une fenêtre sur le petit monde d'Elvis qui s'ouvre devant toi. Ça ferait d'ailleurs un bon titre de roman d'aventure. Tu souris, rêveuse, en t'imaginant le candidat vivre de nombreuses péripéties en dehors de ce block, mais toujours armé de son adorable sourire et de ses cheveux roses. Une aventure moins amusante en revanche, sa maladie. Tu ne sais pas de quoi il s'agit, le jeune homme ne s'est pas confié à toi à ce sujet. Tu l'as appris, avec d'autres, lors d'une chronique un peu trop bavarde sur le dernier prime. De quoi t'inquiéter, bien sûr. Parfois parler à quelqu'un qu'on ne connaît pas trop, et qui ne nous connaît pas trop, ça fait du bien. Donc si jamais tu as besoin de te changer les idées, je suis là tu glisses au candidat, sans avoir la prétention de pouvoir l'aider ou d'être en mesure de lui faire passer de bons moments. Mais tu trouves ça important de le lui dire. De ? Tu ne comprends pas tout de suite sa question et tu captes après un petit moment de battement. Ah, oui, pardon. J'ai lu des classiques : Zola, Camus, Hemingway... mais je crois que je vais faire une pause, pour me concentrer un peu plus sur les secrets. Les livres, tu les retrouveras à ta sortie, pour l'heure tu te dois de montrer au public que tu mérites ta place ici et que tu es prête à prendre des risques. Et cette boîte explosive alors, elle a fait son effet ? Tu es curieuse de savoir ce que @Sasha en a pensé, et pourquoi il s'était donné tout ce mal pour lui faire plaisir.

@Daisy se confond en excuses. Il la laisse faire parce qu'il trouve ça tellement adorable. Il a une tendresse infinie pour les maladroits, les originaux, les égarés. Elle dégage une telle sincérité, une telle fraîcheur à laquelle il y est particulièrement sensible. C'est tellement agréable qu'il se sent apaisé en sa présence alors que à l'intérieur de lui, tout s'agite en permanence. — Je te charrie, Daisy, t'inquiète., qu'il lui lance, une lueur espiègle dans l'oeil. Tout en continuant à trier ses photos, il tombe sur quelques perles qui méritent d'être partagés avec d'autres. Il tire la chaise à côté de la sienne, invitant la rouquine à prendre place pour un voyage en première classe dans ses souvenirs. — Celle-là, c'est une de mes préférées., note-t-il en lui tendant la photo. On voit Velma et lui, encerclés par une nuée de requins peau bleue inoffensifs dans une eau turquoise, accompagnés de moniteurs expérimentés. — Pour nos vingt-ans, ma jumelle et moi, on a nagé avec les requins. C'était dans notre bucket list depuis un bail. Tous les ans, à peu près, ils se lancent souvent des challenges entre eux, repoussant sans cesse leurs limites mentales et physiques. Le prochain défi sur leur liste : sauter d'un avion. Daisy mentionne sa maladie, sans pour autant la nommer. Elle lui fait savoir qu'elle peut compter sur elle aussi. Il la gratifie d'un sourire doux et pose sa main sur le sommet de son crâne, l'ébouriffant légèrement. — T'es trop chou, tu le sais ça ? Je viendrai te voir dans ce cas et on se ferra un truc bien à nous, rien que tous les deux, ça te dit ? Ils se créeront des souvenirs, comme ça. Puis il veut garder une trace d'elle dans son existence. Elvis a cette particularité de ne jamais oublier un visage, un nom car elle a pris l'habitude de consigner toutes ses rencontres. Ce soir, avant de se coucher, il parlera de Daisy. Puis ça embraye sur l'univers du livre et l'affinité de la française avec ce dernier. Elle cite des noms français qu'il ne connaît pas, qu'il suppose majeurs dans son pays d'origine. — C'est quoi ton livre préféré ? Celui qui est sur sa table de chevet, celui dans lequel elle trouve des réponses à ses questionnements les plus existentiels, celui où elle s'identifie à un personnage. Bref, les bibliophiles ont tous un livre comme ça. Un livre phare. Daisy lui reparle de son boîte explosive. Une boîte explosive dédiée à Betty. — Non, elle m'a explosé à la tronche, j'crois. Mais passons ... Il hausse les épaules, ne souhaitant pas poursuivre sur cette voie et n'a pas envie de l'embêter avec ses problèmes relationnels. Surtout pas ce soir. Il aspire un moment de répit, de calme. La présence de sa voisine à ses côtés le détourne de ses agitations. — Je peux te prendre en photo ? La lumière tamisée à cet instant faisait ressortir son visage parsemé de tâches de rousseur, c'est le moment et il compte bien le saisir. Donc il dégaine sa caméra, prêt à l'emploi et n'attend que son aval.

@Elvis avait un petit sourire en coin avant d'avouer qu'il te charriait. Evidemment, tu l'avais pris au mot, ce que tu fais assez souvent. Ton insécurité vis-à-vis des autres ne te permet pas toujours de comprendre le second degré, ma foi, ça a au moins le mérite de le faire rire. Il tire la chaise à côté de lui, pour t'inviter à le rejoindre. Tu t'installes avec plaisir, contente de partager ce moment avec lui. Sur un cliché, tu le vois lui ainsi qu'une jeune femme, entourés de requins. Ton visage s'illumine : Wow... dire que ce que je lis dans mes livres, y a vraiment des gens qui le vivent. C'est incroyable. Elvis te présente la femme sur la photo comme Une jumelle ? tu te tournes vers lui, surprise par la nouvelle. C'est dingue. C'était dans leurs critères de sélection ? tu te demandes à toi-même, en repensant à la discussion que tu avais eu avec @Eloïm hier matin. Ma soeur s'appelle Dalhia. Et la tienne ? Ton esprit retournait voyager dans les souvenirs du garçon que tu apprenais à découvrir sous une facette qui était restée cachée jusque là. Ça me va ! Tu ne sais pas ce qu'il entend par "un truc bien à nous, rien que tous les deux" mais, c'est pas comme si tu avais mieux à faire. Et surtout, tu te demandais s'il n'y avait pas un esprit invisible qui rôdait autour de vous, pour qu'il veuille préciser le "tous les deux". Il faut dire que l'éclairage à la bougie à sa place dans un De la Tour mais pour l'heure, les ombres qui dansaient sur vos visages n'avaient rien de très rassurantes. Tu te gardes bien de casser cette intimité que le candidat tente d'instaurer entre vous. Alors que tu te concentres sur ses photos il te demande c'est quoi, ton livre préféré. mmmh. Ils sont nombreux à lui avoir posé la question et jamais elle ne leur donnait la même réponse. Mais si elle ne devait en citer qu'un seul ? Le Nom de la Rose. C'est pas ton seul roman préféré mais il t'a profondément marqué et tu apprécies toujours de le relire. Finalement tu avais mal compris et la boîte était pour @Betty. Tu avais donc malencontreusement parlé d'une éventuelle "relation" naissante entre Elvis et @Sasha pendant ta nuit confidences avec @Megan en début de semaine. Oups. Ah ? Tu ne détailles pas plus, voyant le malaise sur son visage. Ou plutôt sa déception. Il sort son appareil pour te demander dans la foulée si tu acceptes qu'il te prenne en photo. Oh, qui ça, moi ? Fais pas la cruche, tu vois quelqu'un d'autre dans la pièce ? Si tu veux. Je veux bien. Tu souris, touchée par sa proposition. Ça veut dire que tu comptes assez pour qu'il veuille de toi dans ses souvenirs. Mais en échange, je veux une photo de toi. Ou une photo de vous deux ?

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