@nelson

Sasha s'est calée sur le perron de la bibliothèque pour dessiner, fumer l'une des rares cigarettes qu'elle s'accorde en dehors des soirées, et rêvasser. Elle est là depuis un bon moment, à vivre sa plus belle vie dans son imagination, à papoter toute seule, totalement délocalisée en terme de réalité. C'est seulement la longue silhouette qui se dessine au loin qui la rappelle au monde réel et lui fait prendre conscience du temps qui a passé. Les étoiles billent au-dessus de sa tête et instantanément, ça la fait sourire. Elle se redresse, Sash, déroule son corps et s'étire comme un chat pour intercepter Nelson quand il arrive à sa hauteur. « Tu planifies notre départ ? » elle invente en glissant son bras sous le sien en mode papy et mamy qui font leur petite sortie de la semaine. La Lune, ça la fait rêver, Sash. Elle attend clairement de sa part qu'il tienne cet engagement, maintenant, elle n'acceptera rien de moins que ça. Mais elle doute pas de lui une seconde, Nelsy il a trop l'attitude et la tchatche du gars qui peut arriver jusqu'à Elon Musk rien qu'en baratinant tout le monde et en balançant quelques sourires charmeurs.  « Je suis trop heureuse qu'on parte ensemble, Nelsy » elle offre de sa voix pleine d'emphase, remplie de trémolos et symptomatique de la roue libre totale qui s'annonce. Sasha, elle a la fâcheuse tendance d'être vraiment teubée avec Nelson. Ou en full moment émotion hyper sincère qui a aussi aidé à tisser leur petite amitié toute chill. « Tu comptes beaucoup pour moi, et tu sais, moi je m'en fiche des autres, je sais que ça compte pas et qu'il y a vraiment un truc spécial entre nous, je sais que tu le ressens aussi » elle attrape ses mains, les serre au creux des siennes, capte son regard en lui offrant un maximum d'yeux brillants et d'émotion bullshit comme elle sait le faire, en pure comédienne. Elle parvient à rester sérieuse deux secondes, puis pouffe de rire, se recule, balance un index joueur dans ses côtes et récupère son bras. « Qu'est-ce que tu souhaites le plus au monde ? » elle demande hyper sérieusement, le nez levé vers la Lune, qui a le pouvoir d'exaucer tous les vœux, c'est bien connu. « Que je te prouve mon amour » elle glisse avec un sourire mutin. Nels le serial loveur.

Il profite de la fraicheur de la nuit pour se balader, à la recherche du même calme qu’il réussissait à trouver sur l’île en s’éloignant du camp. Ça fait bien plus d’un mois qu’ils vivent à trente et s’il est adepte du bruit, de la ville, de la frénésie, il ressent comme tous le besoin de se ressourcer par l’isolement. Il tisse son avenir dans le silence de la nuit, rythmé par le bruit de ses pas. Ça ne défile pas comme il le voudrait dans sa tête, c’est brouillé, comme si un câble venait d’être coup, saboté. Depuis sa conversation avec Betty sur l’après il n’arrive pas à ajuster les mots sur ce qui lui semblait être auparavant l’évidence. @Sasha elle traine là comme un chat de ville retrouvant son royaume une fois plongé dans l’obscurité. Elle est ce félin quiet dans la nuit, celui qui détourne son regard et s’étire avec calme sur l’intrus qui se meut. « Je dessinais les plans pour la fusée. » Il planifiait oui, traçant les limites rectangulaires de leur base de lancement dans le sable du parc pour enfants. « D’ailleurs tu pourrais m’aider. » La maîtrise des stylos c’est elle. Il accueille son bras qui s’enroule au sien, filtrant un léger rire. « Moi aussi j’ai hâte.» il rentre dans le game, normal. Sash il a parfois l’impression de lui faire l’effet d’une dose supplémentaire d’ecsta prescrite en plus du cachet de MDMA qu’elle doit prendre avec son jus d’orange le matin. Elle est en pleine montée là avec sa déclaration full love et ça le fait marrer Nels, il a l’impression d’un remake de ses potes en soirée. « Sash je m’inquiète de ta dépendance, fais attention à toi. » Elle a de la chance Sasha, c’est la seule dont il s’inquiète à ce sujet. « Tu la sens cette lueur ? Comme cette étoile qui brille là-haut … » les yeux qui montent au ciel puis qui s’écrasent comme une étoile filante dans les yeux de Sasha. « …c’est la force de ce qu’il y a entre nous. C’est brillant, fort, éblouissant. » Prend garde Verlaine. Il reste un peu plus sérieux qu’elle qui se marre, sourire aux lèvres. Sans trop le savoir Sasha elle met les pieds dans le plat. Ca le tracasse trop pour qu’il y a aille à la déconne, elle arrive avec la question finale après toute une réflexion ne lui ayant pas accordé de réponse. « J’crois que je sais pas. » il lâche très sérieusement. Dans sa tête il s’était tissé tout un délire mais la perspective d’un changement de vie, d’un rêve, à la sortie ça lui faisait tout remettre en question. Il n’avait pas pris en compte ses attaches, se demandant s’il était vraiment capable d’être à la hauteur de ses ambitions. « C’est sûrement pour ça que je fais n’importe quoi et que tu devrais pas trop tomber love. » il rajoute avec une pointe d’humour pour ne pas sombrer dans le sujet qu’il vient lui-même de mettre sur la table. « Comment tu t’y prends pour prouver ton amour ? » Elle le fascinait par son intensité Sasha, complètement en contraste avec ce qu’il est. Alors comment elle fait lorsque son cœur flanche à nouveau, tout mou pour un autre, pour le prouver et réclamer l’affection qu’elle mérite ?

Sasha s'impose à @Nelson avec l'aisance que confère l'habitude. Elle n'est jamais gênée d'accrocher un bras, de s'élancer sur un dos ou de tournoyer autour d'un corps. C'est sa passion, son talent, sa manière de rappeler son existence en permanence à des gens qui n'ont pas intérêt à l'oublier. Nels, elle va jusqu'à le rappeler à leur petit projet très casual d'hôtel cinq étoiles sur la Lune. « La fusée » elle répète d'un air rêveur, déjà hyper motivée à l'idée de tracer les plans sur des maxi feuilles quadrillées comme dans les films. Dans sa tête, elle est partie, elle récupère le modèle de Tintin, décortique, analyse, change les couleurs, rajoute des ailerons et des dégradés de tons, des panneaux solaires et des baies vitrées. Rien de plus simple. Elle roule un regard boudeur vers Nelsy, qui la cockblock complètement dans sa petite déclaration on ne peut plus sincère. « Boring » elle élude d'une main qui balaie une mouche imaginaire devant son visage. S'il y a bien un truc qu'elle n'aime pas, Sasha, c'est de faire attention. Quel intérêt ? Elle veut ressentir, Sash, pas faire attention et s'empêcher de vivre pour tout anesthésier. Elle préfère de loin la douleur au confort. Son sens, à elle, il est là. Elle se marre une seconde quand il rentre finalement dans son jeu, jusqu'à ce que la curiosité face à son air sérieux prenne le dessus et qu'elle l'observe avec curiosité puis réflexion. « Tu fais n'importe quoi ? » elle demande en relevant ses mots à lui. Comment il fait n'importe quoi, Nelson ? Ici ou ailleurs ? Il donne pas cette impression, au-delà de ses quelques bails romantiques, mais probablement parce que c'est le genre de gars qui saurait embrouiller ses détracteurs au point qu'à la fin, ils seraient tous d'accord avec lui. C'est peut-être ça, son n'importe quoi à lui. Il est trop malin pour ce monde. « Oh t'en fais pas, aimer les mauvaises personnes c'est l'histoire de ma vie » elle lui sort le même bullshit qu'à Betty. Mais en réalité, c'est pas si faux. Sasha, elle peut craquer pour l'ultime pipou qui ne ferait pas de mal à une mouche comme sur la personne si brisée qu'elle la tirera vers le bas jusqu'à ce qu'elle s'effondre elle aussi. Un peu comme PA. « Tu vas me briser le coeur, je vais dessiner ma douleur avec tellement d'émotions que je vais percer, et tu m'auras rendue riche et célèbre » elle récite de l'air de celle qui en a vu d'autres. C'est ça leur destin. Elle, artiste torturée et lui, muse éternelle. Il n'aura plus qu'à raconter leur histoire à sa façon, de son point de vue, les doigts sur son piano et le monde entier devra choisir un camp, encenser la parole de l'un ou de l'autre. « C'est pas grave, t'es pas obligé d'avoir un grand souhait, tu peux aussi en avoir plein de petits » elle reprend finalement, plus sérieuse. Elle a longtemps flippé, Sasha, quand on lui parlait d'avoir un seul et unique But ultime dans la vie, de trouver le truc qui te motive, qui te fait te lever le matin, le truc qui t'anime, ton rêve. Elle trouvait ça accablant et overwhelming pour une gosse comme elle, qui essayait déjà de juste mettre un pied devant l'autre. C'est pas assez, un, et c'est déjà trop en même temps. C'est trop réducteur, trop officiel. Elle pouvait pas se contenter de ça. « Jouer du piano, surveiller Bets, kiffer la vie... » Ce genre de trucs qu'elle imagine faire partie des petits goals dans le quotidien de Nelson. « Des petits trucs qui guident ta vie, tu vois ? » Elle aime fonctionne par micro inclination, Sasha, même si en réalité, ce qui régit réellement ses pas, ça se décline en deux branches distinctes mais douloureusement entremêlées : l'amour et l'imagination. C'est un peu la partition de sa vie, ses deux règles à elle, puis le reste, c'est dans un état d'anarchie le plus total. Elle est constamment en roue libre, Sasha. Parfois, elle récupère des goals qu'on crée pour elle et qu'on lui impose, passer son diplôme, faire quelque chose de sa vie, puis parfois, elle se découvre des petits goals intermittents et inutiles, comme tourner dans le dernier clip de son coloc ou mater toutes les vidéos possibles pour se renseigner un max sur BTS, trouver son bias, et dès que c'est fait, elle passe à autre chose. Puis y'a ses petits goals fixes : le dessin, les gens, vivre. « ça dépend des personnes » elle répond distraitement. Au-delà des trucs qu'elle fait un peu avec tout le monde : passer du temps ensemble, être tactile et verbale sur son amour, s'intéresser à tout, tout le temps, toujours être là. « Souvent, je trouve leur soft spot, le truc vraiment important pour eux et j'aime bien en faire un truc beau pour qu'ils soient heureux » elle souffle. ça sonne un peu calculé, quand elle l'explique comme ça, mais ça l'est vraiment pas, c'est juste sa manière d'être. Trouver ce qui rend les gens heureux et le faire de manière exponentielle. « Des fois, j'aime bien m'effacer un peu pour rentrer dans leur univers » elle sourit avant de grimacer. « Pas en mode glauque et toxique hein, plus pour voir à travers les yeux de l'autre ce qui est important pour eux. » Mais elle, elle a l'impression que c'est un peu la base, ça, des relations. S'ouvrir à la réalité de l'autre et accepter de se mélanger. C'est pour ça aussi qu'après un certain temps, t'as toujours l'impression que les couples se ressemblent énormément, physiquement et mentalement. Ils sont devenus un. « ça m'arrive de faire des trucs débiles, aussi. J'essaie de me contrôler. » elle rit doucement. Faux, bien sûr. Elle a aucune envie de se contrôler. « ça te manque d'avoir un vrai grand souhait ? ou t'es bien comme ça ? » elle lui demande. Peut-être que ça non plus, il sait pas trop.