the phantom menace (mardi 25 mai, 14h05)

Sa lecture épuisée, Eloïm était venu se ravitailler en livre, essayant d’en récupérer le plus possible cette fois pour s’éviter de revenir dans cet endroit. Au détour d’une rangée, son regard se retrouva attiré par une reliure qu’il connaissait bien. Tirant l’ouvrage de sa cachette, il posait son regard sur la couverture, laissant ses doigts se poser sur le nom qui n’avait jamais été le sien. La prod avait déniché un de ses romans graphiques pour le perdre parmi tout le reste. Il poussait un soupire, alors qu’il sentait un regard posé sur lui. Tournant la tête, il remarquait @Daisy. Il n’avait pas cherché à lui parler, sachant qu’avec le prime elle avait bien assez subit et sans doute qu’elle ne désirait pas de sa présence. Bien qu’ils aient souvent eu des hauts et des bas, Eloïm estimait beaucoup la jeune femme, quoi qu’on puisse dire sur elle. Ils se ressemblaient sur beaucoup de facette et souvent on les cataloguait de la même étoffe. Il savait donc ce qu’elle ressentait. « J’ai trouvé ça. » soufflait-il en lui montrant son ouvrage, ce qu’il bossait si dure depuis plus de six ans. Un premier tome qui prenait la poussière.

Tu étais passée devant la librairie et à travers la vitrine, tu avais reconnu la silhouette frêle de ton ami @Eloïm. Ami ? tu ne sais pas si ce terme convient encore désormais. Mais tu entres, sans savoir quoi lui dire ni ce qu'il va te dire, tu ressens juste le besoin d'un contact avec lui, après plusieurs jours de silence radio. Tu restes là un instant sans broncher alors que son attention est destinée à un livre qu'il tient dans ses mains. Il remarque ta présence, et te tend l'ouvrage. Il ne faut pas juger un livre à sa couverture, mais ça ne fait aucun doute que ce qu'il te montre là, c'est son oeuvre à lui. Je ne suis pas sûre que ça soit le genre de littérature qui me soit familière mais... maintenant que je sais où le trouver, peut-être que je me laisserai tenter ? tu termines, sur une pointe d'humour. Tu t'avances vers le rayonnage voisin au sien, hésitante. J'aimerais savoir... pourquoi tu es si difficile à cerner ? Je veux dire, l'espace d'un instant je crois avoir compris ton fonctionnement, ta façon de penser, de te comporter. Et une fois que j'ai amassé assez de certitudes, tout vole en éclat. Tu contournes la rangée de livres pour le rejoindre. Sans rien entre vous. Juste lui face à toi. Je n'arrive pas à savoir qui tu es, Eloïm. Ce n'est pas un reproche, tu tiens au candidat, tu l'aimes bien. Pourtant tu ne sais rien de lui. Tu ne sais pas ce qu'il ressent, ce qu'il pense. Ses histoires avec @Beau ? Avec @Kai ? Et je n'ai pas eu l'occasion de t'en reparler, mais je suis navrée pour ton secret. Navrée pour... son frère. Mais les mots ne sortent pas de ta bouche, ton coeur les retient.

« Ce n’est pas de la pornographie, je te rassure. » Autant mettre les choses au clair, mais en aucun cas il ne prenait mal le commentaire de la jeune femme. Ce n’était pas pour tout le monde et il le savait, mais les gens étaient souvent de nature curieuse, les vices étaient de toutes sortes. Elle changeait de rayonnage, tandis qu’il posait son regard sur la couverture. Ses doigts effleurant ce dessin qui remontait à plus de six ans, loin de ressembler à ce qu’il faisait aujourd’hui. Il avait évolué dans son art. Les paroles de @Daisy résonnait jusqu’à lui et il poussait un soupire. « Je ne suis pas quelqu’un qui s’ouvre aussi facilement qu’on croit. Ma gueule, mon apparence me donne des airs, mais finalement je ne suis pas ce mec gentil et naïf qu’on imagine. » Il quittait l’allée où il se trouvait pour se diriger vers la table et s’asseoir sur celle-ci au lieu d’une chaise. Dans ses mains trônait encore son œuvre. Elle reparlait de son secret et il posait son regard sur elle, un sourire mélancolique brodait le coin de ses lèvres. « Merci. Mais tu n’as pas à l’être, il est mort il y a onze ans maintenant. » Elle pouvait savoir, elle a qui il avait dit avoir un jumeau en premier. Posant le livre sur la table près de lui, il croisait ses jambes en posant ses mains sur son genou. « Qu’aimerais-tu savoir sur moi ? Je te dis tout avec franchise, mais je me garde le droit de refuser si je vois que je ne suis pas à l’aise de répondre. » Après tout, tout le monde possédait une part de secret, ces zones qu’on garde pour soit plutôt que de les afficher à la terre entière et Eloïm comme tout le monde en possédait bon nombre aussi. Un en particulier lui traversait l’esprit à cet instant et en regardant la jeune femme, il savait que si elle ne le découvrait pas par lui, elle serait anéantie. Il pouvait la préserver de tout ça, ne pas la blesser plus qu’il ne l’avait déjà fait au cours de cette aventure. « Mais avant, je veux que tu saches… » Il marquait une pause. « Je sais que ça sera montré au prime et je préfère te le dire moi-même plutôt que tu le découvre sous images. » Il ravalait sa salive, lui-même n’avait pas vraiment d’explication. Il l’avait fait parce qu’à cet instant c’était ce qui lui semblait la chose à faire. Lui faire oublier Elvis en s’offrant lui et cela au détriment de ce qu’il était. « J’ai embrassé Kieve. » Il ignorait comment elle réagirait après son râteau quelques semaines auparavant, mais les choses étaient différentes. Il le savait, aujourd’hui il aurait été tenté de le faire et il aurait agit différemment, parce qu’il la connaissait mieux. Ne pouvant revenir en arrière, il espérait au moins qu’elle le détesterait moins si ça venait de lui que de la futur chronique d’Apollon.

Tout de suite les grands mots. Ce n'est pas ce que j'ai dis. Ta curiosité te fera défaut plus tard dans la semaine, quand @Dede te trouvera ici même en train de lire cet ouvrage tentateur. Je ne dis pas le contraire. Je le sais, je n'insinue pas que tu es facile. Loin de toi cette idée. Il te parle de son frère, mort il y a onze ans. Tu souffles, triste de l'apprendre. Ça te fait mal, t'es comme ça toi, du genre à avoir de l'empathie pour tout le monde. Evidemment je ne veux ni te mettre mal à l'aise ni te paraître grossière. Tu le respectes, @Eloïm. Qu'est ce que tu aimes dans la vie ? Qu'est-ce qui te rend heureux au quotidien ? Tu as toujours un sourire pour moi, ou pour quiconque ici, mais est-ce que tu es vraiment content ou, est-ce que c'est juste de la politesse ? Une sorte de réflexe pour la vie en communauté, quelque chose que tu ne calcules plus mais que tu enfiles comme on met un tee-shirt et un pantalon le matin avant de sortir... Tout ça. Eloïm, tu as l'impression qu'il marche sur un fil, prêt à tomber d'un instant à l'autre pour ne plus jamais remonter. Tu as peur, oui, de le voir sombrer dans les abysses. Ou peut-être que tu te l'imagines plus torturé qu'il ne l'est ? Tu souris, parce qu'il veut te parler de quelque chose avant que ça ne soit diffusé au prime. Tu as encore nominé des roses ? que tu demandes en riant, parce que tu sentais l'atmosphère lourde et que ça te faisait un peu flipper d'un coup. Puis en quatre mots il réussit à briser ton être dans son entièreté. J'ai embrassé Kieve. Tu le regardes, le regard vide. Si l'apprendre de sa bouche avait le mérite d'être honnête, ce n'en était pas moins douloureux. Pas parce que tu vivais mal le fait qu'il t'ait repoussé la dernière fois. Alors pourquoi me dire que tu n'étais pas prêt à le faire avec une femme ? tu demandes, calmement. Si c'était... tu baisses les yeux. Non rien. Tu ne finiras pas ta phrase. Tu n'en n'a pas la force. Tu restes là, droite, parce que qui tu es pour lui piquer une crise ? Qui ? Tu l'as mauvaise, parce que la fille ronde qu'on repousse au profit d'une plus maigre, c'est l'histoire de ta vie. Et même ici tout se répète.

« Je sais, c’est moi qui le dis. » Une simple précision pour éviter qu’on se fasse des films, qu’on se dise que c’était plus olé-olé que ce ne l’était vraiment. Ça éveillait surtout l’esprit, les envies, l’étincelle qui pouvait aisément mettre les feux aux poudres. Observant la rouquine, il ne disait rien. Lui facile ? Non, il ne l’était pas. Ni blanc, ni noir, il se trouvait à être un éventail de gris bien plus complexe à définir. Parfois gentil, parfois plus malin ou calculateur. La première question de @Daisy le surprenait, laissant ses prunelles posées sur elle. Il allait être franc, transparent à sa manière. « Être en vie. Me dire que je finis une journée de plus. » Il marquait une pause, cette question sur son sourire c’était une histoire plus compliquée. « Ça me permet de faire croire que tout va bien aller. Je souris, parce que pleurer inquiète, je souris pour vivre un peu plus longtemps sans me dire que tout ce qui m’entour disparaîtra. Je souris parce que je veux qu’on se souvienne de cette image de moi plutôt qu’une autre. Mais aussi parce que je suis simplement heureux d’être encore en vie. » Il ne souriait plus cette fois, il n’était pas triste non plus. C’était d’un ton calme et posé qu’il avait répondu à la documentaliste. Elle aurait sans doute d’autres questions, il y répondrait, mais il tenait quand même à mettre quelque chose sur le tapis avant que ça ne vienne à elle sans qu’il ne puisse le contrôler. « Je pouvais nominer personne cette semaine. » rappelait-il en haussant un sourcil. « Ce n’est pas ça. » Loin de là même. Peut-être aurait-elle finalement préféré que ce soit le cas ? Il ne saurait dire. Elle le regardait et il sentait sa peine, cet éclat qui ne brillait plus dans son regard. Elle parlait, il écoutait. « Parce qu’au moment où je te l’ai dit je ne l’étais pas. Je ne suis même pas certain que je l’étais plus dimanche. » confiait-il en se passant une main sur la nuque dans un geste de gêne. Il se taisait un moment, posant son regard sur elle. « Dis-moi. » Il désirait savoir, parce qu’il se doutait de ce qui se passait dans sa tête. Il ne possédait peut-être pas toutes les réponses, mais il y avait des choses sur lesquels il arriverait sans doute à mettre des mots. Il se redressait, se laissant glisser en bas de la table pour se mettre sur ses pieds. Il approchait d’elle. « Mes raisons ne t’aideront pas plus à comprendre, tu ne me pardonneras sans doute pas. Mais crois-moi, tu ne gagnes rien à être près de moi. Tous ceux qui ont tenté dans l’aventure, me déteste à présent ou ça s’en rapproche. Je ne suis bon qu’à ça Dais’, détruire sur mon passage ceux qui tente de se rapprocher. » Il ravalait. « Je suis néfaste et t’embrasser lorsque tu le voulais n’aurait fait que te brûler les ailes. » Il baissait la tête, pour lui, tout ceci n’était fait que pour la protéger de cette bombe à retardement qu’il était. Ce n’était sans doute pas sympa envers Kieve, mais leur relation suffisait à leur faire oublier ce qui n’avait pas fonctionné avec d’autres. Daisy à ses yeux c’était différent. Ça n’était pas toxique, au contraire ça aurait pu être merveilleux si elle ne l’avait pas pris au dépourvu. Ses tourmalines se posèrent dans les prunelles de la rousse, pinçant ses lèvres, il hésitait à lui dire pourquoi il aimait tant la vie et pourquoi sourire était une barrière…

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