vieni nel mio cuore (07.08 ; 10pm.)

Entre médicaments tendus à Clark toute la journée parce qu’il était inquiet, journée passée dans une pièce sombre loin du bruit, il a décidé de faire un tour en ville. Ça lui a permis de faire le tour de ses pensées et de mettre de l’ordre dans ce brouhaha incessant. La balade lui a aussi donné la chance de se calmer, il a laissé son portable dans sa poche pour ne pas déverser sa haine sur tout le monde comme il a l’habitude de le faire. Cependant, la conversation avec @Kit lui est restée en travers de la gorge. Il se demande encore comment on peut autant apprécier quelqu’un, se sentir connecté à elle, mais ne pas savoir communiquer et si mal se comprendre. Il tente de trouver la réponse, car à chaque problème sa solution, mais il n'en trouve aucune et se frustre à chercher, à retourner la situation dans tous les sens, et ce, sans trouver de foutue réponse. Ce qu’il comprend, au final, c’est que Kit aussi doit en avoir marre, sinon elle n’aurait pas tout arrêté en un message : là encore, il a peu d’estime pour lui-même malgré sa prétendue confiance, mais il pense mériter mieux. Pendant un moment, il se dit que c’est fini, qu’il n’y aura pas de prochaine fois et que Kit restera la nymphe qui l’a fait vibrer pendant une nuit tout entière, marquant le corps du chérubin en l’ayant fait sien le temps de quelques heures, avant de s’en débarrasser en se rendant compte que la personnalité n’était pas aussi belle que le corps et les traits. Il sait se vendre qu’à travers son corps, c’est ce qu’il a fait en s’offrant le temps d’une nuit, mais saisit bien que le reste ne plaît pas tant que ça, maintenant qu’ils ont appris à se découvrir et qu’il tente, sans succès, de se parler. La nuit lui manque, celle où il a appris à découvrir son corps, où il a aperçu l’âme. Il se souvient des caresses assurées, en quête de grande découverte. Des baisers envolés, déposés contre les lèvres étirées. Putain qu’ils étaient heureux à deux, alors pourquoi ils arrivent plus à l’être ? Pourquoi, petit à petit, la relation qui débute à peine se dégrade autant ? Lassé de toutes ces réflexions, il attrape son portable pour lui donner rendez-vous au jardin le soir-même, décidé de mettre un terme à ce chaos incessant.

Quelques heures plus tard, Fly est installé sur l’un des bancs. La nuit est déjà tombée, peut-être qu’ils se comprennent mieux la nuit, puisque c’est sous la protection de la lune qu’ils se sont réellement trouvés pour la première fois. Il n’est pas vraiment à l’aise, même seul, un peu inquiet de la perdre à tout jamais aussi. Pour se détendre, il prend le joint roulé plus tôt dans la journée pour en cramer sa pointe et tirer dessus. Finalement, après quelques longues minutes, la solitude est dégagée par la présence de la brune à quelques mètres de lui. Visage tourné en sa direction, il crache sa fumée. Sans un mot, il vient tendre le bâtonnet vers elle, invitation à le rejoindre comme ils l’avaient prévu des semaines auparavant.

Si elle a accepté de venir, c'est moins par volonté de prétendre qu'elle est passée outre que d'enfin désamorcer les tensions qui règnent entre eux depuis plusieurs jours. Elle n'aime pas le conflit, Kit, le fuit plus aisément qu'elle ne s'y jette dedans mais elle ne veut pas baisser les bras sans avoir tenté une dernière fois d'apaiser la situation. Elle ne sait pas comment ils en sont arrivés là, ce qui a déconné à ce point, la nuit dans la loveroom ne date que d'une semaine mais ça pourrait tout aussi bien être cent, qu'elle songe en traversant l'extérieur du block pour rejoindre le jardin. Aucune idée de ce qui l'attend, elle se prépare mentalement à une nouvelle crise qui viendra sceller définitivement le destin des amants et les forcera à continuer leur route chacun de leur côté. Ce n'est pas ce dont elle a envie, mais elle ne se laissera pas malmener, ni par lui ni par qui que ce soit : elle aime les autres Kit, mais elle s'aime encore plus, ne veut pas accepter d'être mal traitée par quelqu'un, plus encore quelqu'un qui ne sait finalement quasiment rien d'elle parce que leur relation s'est créée dans un rapprochement physique plus que de longues discussions à refaire le monde. Elle s'approche doucement du banc sur lequel @Fly est assis, devine à l'odeur et au grésillement qu'il est en train de fumer le joint qu'ils étaient censés partager ensemble et s'installe à côté de lui sans rien dire. Elle tire sur le joint à son tour, précautionneusement pour ne pas se mettre à cracher ses poumons, et recrache la fumée sans rien dire. Le silence leur réussit mieux, il faut croire. Ils ne peuvent pas se sauter à la gorge s'ils ne se parlent pas, peut-être que c'est ça la solution. Mais elle n'est pas venue pour le plaisir de passer la fin de sa soirée assise sur un banc, à fumer un joint sans qu'aucun des deux n'ose briser le silence. « Je t'écoute » elle finit par dire avant de lui rendre le bâtonnet. C'est lui qui a demandé à la voir, elle de son côté était partie pour rester toute la soirée avec Pessa à la cascade, histoire de chasser le spectre de leur énième engueulade de son esprit. « Qu'est-ce que tu voulais me dire ? » Son regard croise le sien, les traits dans l'expectative : des choses à lui dire, elle en a mille, ça lui brûle les lèvres de déballer le fond de sa pensée, mais elle ne veut pas le faire avant d'entendre ce qu'il a à lui dire.

Il est habitué au silence Fly, se plaît même d’ailleurs quand aucun met n’est soufflé. Il aime ne pas parler, n’est généralement pas gêné par le vide autour d’une conversation. Pourtant, quand @Kit s’installe à ses côtés, il ressent le besoin de parler. Dire quelque chose, les rassurer, peut-être même les soulager du mal qui les occupe. Le silence en devient pesant et douloureux, mais la brune les délivre bientôt de ce mal par un je t’écoute qui ne lui laisse pas d’autres choix que de parler. Il hoche doucement de la tête en reprenant le joint entre ses lèvres pour tirer dessus, ça lui permet de se détendre et de trouver les mots qui peinent à sortir malgré lui. - Tu penses qu’on réussira à se comprendre, un jour ? Sans préciser comment, avec des foutus efforts, même si ça semble impossible pour les deux gamins qui se cherchent encore, entre eux. - J’en ai, envie, t’sais, te comprendre. Malgré la nuit passée dans les bras l’un de l’autre, le mystère persiste, et le mystère devient frustrant. Une semaine à peine, une éternité qui se joue entre eux, et toujours incapable de dire ce qu’elle est ou ce qu’elle pourrait représenter à ses yeux. - J’en ai marre de me prendre la tête, j’en ai aussi marre de te blesser, de nous frustrer. Je te jure, je peux plus faire ça. Il aimerait retourner à l’insouciance de la première nuit, quand ils ne se doutaient pas que la relation allait devenir leur enfer personnel, qu’ils avaient encore l’espoir de nourrir quelque chose de moins prise de tête.

Elle le laisse parler, l'esprit pas encore nimbé du confort de la weed. Un rire qui ressemble à un soupir s'échappe d'entre ses lèvres. « Je sais pas » elle avoue malgré elle. Est-ce qu'ils peuvent se comprendre quand chaque fois qu'ils se parlent ils se prennent la tête ? Elle a toujours fui ce genre de comportement Kit, a trop vu ses amies, ses soeurs en souffrir, en se promettant de ne jamais être cette personne-là, qui s'accroche à quelque chose qui ne fonctionne pas. Elle acquiesce aux derniers mots de @Fly, parce qu'elle aussi elle en a marre, qu'elle ne demande qu'à apaiser les tensions, à comprendre les clés de son fonctionnement et de lui donner les siennes. Mais là encore, Fly ne parle pas. Ne dit pas ce qu'il pense réellement. Il constate, mais il n'explique pas ce qu'il a dans la tête. Plutôt que de se braquer, elle opte pour l'inverse : se livrer à lui, sans appréhension. « J'ai l'impression que tu veux tout et son contraire, et je ne sais pas quoi faire de ça. Tu me fais des crises de jalousie dès que je parle à quelqu'un, même quand il ne se passe rien avec cette personne, mais à côté de ça tu vois aussi d'autres personnes, y a un truc qui est pas cohérent dans tes réactions. Comment tu peux me reprocher quelque chose mais de ton côté faire la même chose ? Qu'est-ce que tu cherches exactement ? » Elle lui pose la question sans agressivité, elle veut juste comprendre les rouages de son esprit qui lui ont toujours échappé jusqu'à maintenant. « On partage quelque chose de spécial pour moi, mais je suis perdue là. » Et elle en a marre d'être perdue Kit, se dit que ça serait peut-être plus simple pour tout le monde d'en rester là, autant qu'elle a envie de croire qu'ils peuvent fonctionner correctement.

Je sais pas, c’est honnête et il ne lui en veut pas. Lui-même ne sait pas, lui-même est perdu. Il voit flou dans toute cette relation et il aimerait se sortir là tête hors de l’eau, mais continue de se noyer dans les doutes et les incompréhensions. Et il en a foutrement marre de ne pas y voir clair là où il aimerait voir des réponses et des choses qui ne laissent pas place au doute. Il ne comprend toujours pas comment on peut autant apprécier quelqu’un, mais ne pas arriver à se comprendre. C’est frustrant, et quand bien même elle s’est fait reine de sa frustration la première fois dans la cuisine, c’est deux choses différentes. Là, il y a un semblant de sentiments mis en jeu, des palpitants qui vibraient au même rythme il y a une semaine. Et alors qu’il peine à s’exprimer, @Kit le fait étonnamment bien, tout son contraire définitivement. Il sait pas parler à coeur ouvert, il a pas l’habitude de le faire et rame complètement. Certes, il lui a demandé de le rejoindre, mais c’est pas pour autant qu’il était préparé à cette conversation. Il a juste jugé qu’il ne fallait pas laisser traîner les choses et qu’il fallait faire face à leurs vérités, enfin se décider à quoi faire. Continuer ou laisser tomber. Puis, il y a la question, le qu’est-ce que tu veux qui est aussi clair pour elle que pour lui. Il crispe sa mâchoire en cherchant une réponse correcte, une réponse qui ne le fera pas passer pour un connard de première. - J’sais pas, j’crois que.. J’crois que j’essaye aussi d’y voir clair. Il la veut elle, il le veut lui, et au fond, il a surtout peur de les perdre. - J’ai peur qu’tu réalises qu’il y a mieux autre part, parce que c’est sûrement le cas. T’auras des mecs qui te feront pas de crises, des meufs plus réfléchies, t’auras tout c’que j’ai pas et j’ai peur que t’ouvres les yeux. Conversation à coeur ouvert, grand départ et surtout grand pas pour Fly qui pourrait prendre la fuite tant c’est pas son truc, tant ça ne lui ressemble pas. Tire une nouvelle fois sur le joint, le refile entre les doigts de la gamine alors que les pensées s’évaporent, il ferme les yeux, peut-être une façon de fuir que de ne pas la regarder droit dans les yeux. - C’est spécial pour moi aussi, j’te jure. J’sais pas si ça donne l’impression du contraire, mais je tiens à toi, Kit. Il déglutit, les yeux toujours clos. - Et ça m’fait peur quand je tiens aux autres, parce qu’on perd trop vite tout l’monde. J’en ai perdu des gens, et j’ai l’impression de te perdre aussi. Juste en étant moi-même.

Elle se doutait qu’en lançant la conversation, en se montrant aussi honnête et douce qu’elle le pouvait, elle l’amènerait à s’ouvrir lui aussi, peut-être à partager enfin ce qui se trame sous ses boucles blondes, dans un esprit qui lui échappe et qu’elle ne parvient pas à comprendre. @Fly le fait enfin, les mots hésitants, parfois fuyants, mais avec tout ce qu’elle espérait d’honnêteté de sa part. Ca lui donne un peu le vertige, de le voir capable de formuler avec une telle aisance ses appréhensions vis-à-vis d’elle, parce que personne n’a jamais peur de voir Kit partir. Elle est toujours là, fiable et loyale avec ceux qu’elle tient en estime, l’affection qu’elle donne n’a pas de date de péremption à moins de la repousser ou de lui donner une raison valable de le faire. Elle se mordille la lèvre, pas certaine de la réponse qu’elle doit donner à ça, ni même s’il en attend une. Elle le fait finalement, avec autant de douceur qu’elle le peut. « Tu connais le principe de la prophétie auto-réalisatrice ? C’est quand on a tellement peur que quelque chose se produise que nos actions entraînent le résultat qu’on voulait à tout prix éviter. C’est ce que t’es en train de faire. Tu t’es persuadé que t’étais pas assez bien et à force t’essaies de me le faire croire à moi aussi. » Mais elle est patiente Kit, patiente et délicate, assez pour gérer tout en douceur ses appréhensions à lui. « On n’a pas besoin de se projeter ici, je croyais que c’était ce qu’on voulait faire d’ailleurs ? Profiter, apprendre à se connaître et se laisser porter. Et si ça veut dire avoir d’autres bails à côté, on le fait et on ne se doit rien d’autre, ni explications, ni excuses. Sauf si tu cherches quelque chose de plus, mais ça voudrait dire que toi comme moi, on ne verrait personne d’autre à côté et je doute que ce soit ce que tu veux. » Elle sait pour Franz, pour Clark, elle sait qu’il pourrait y en avoir d’autres, tout comme pour elle, ça faisait partie du deal de base qu’ils ont accepté en se retrouvant dans la loveroom. Elle récupère le joint dont elle tire quelques bouffées, les bienfaits commençant juste un peu à se faire ressentir, à moins que la légèreté soit le résultat d’une discussion trop longtemps repoussée. Instinctivement, elle entrelace ses doigts au sien sans le regarder, la pression dans sa main dans la sienne pour le rassurer. « Moi aussi je tiens à toi. Et c’est pas dans mes habitudes de lâcher les gens auxquels je tiens. Tu me perds quand tu t’énerves parce que je fais avec toi la même chose que tu fais avec moi. Quand tu me montres tes insécurités mais que tu ne dis pas pourquoi elles sont là, ni ce que t’attends de moi. Je demande qu’à savoir qui tu es vraiment Fly, mais tu m’en as jamais donné la possibilité. » Elle tourne finalement le regard vers lui, cherchant à croiser le sien en retour. « Je serai jamais quelqu’un que tu peux posséder, mais je serai toujours quelqu’un qui reste sans que t’aies besoin de le demander. » Et c’est ça, la seule chose qui compte non ?

La conversation est tendre, ils s’écoutent l’un l’autre et ça fait du bien. Même si Fly n’est pas un grand amateur de ces conversations trop sérieuses parce qu’elles lui font peur. Il a quand même compris que s’il ne faisait pas face à ces dites peur, il risquait de perdre quelqu’un à qui il tenait vraiment, et il préfère encore les affronter que d’affronter la perte de @Kit. La brune est douce et à l’écoute, étrangement patiente alors qu’il aurait imaginé avec usé et abusé de cette dite patience-là, elle le surprend toujours en étant simplement elle-même. Il se détend sous chaque tir sur le joint, les yeux clos et l’appréhension au ventre. Pour quelqu’un qui voulait profiter, Fly se prend beaucoup trop la tête. À sa question, le blondinet secoue sa tête, aucune idée de quoi elle parle, mais lorsqu’elle lui explique, tout fait sens. Il grimace alors, pas que ça lui fasse mal d’admettre qu’elle a raison, ce qui fait mal c’est surtout de faire face à une vérité dont il ignorait l’existence. - J’savais pas que ça existait. Avoue-t-il, il a encore tout à apprendre dans ce foutu monde et l’aventure, malgré les drama et les prises de bec, lui en aura appris beaucoup : la vie en communauté, le partage, comment gérer ses émotions et celles des autres (même si ce n’est pas encore gagné). - Hm-hm. Comme seule réponse quand elle dit qu’ils étaient censés profiter, il n’oublie pas le deal silencieux entre les deux amants. Elle ne s'est jamais engagée à lui être fidèle pour le restant de ses jours, pourtant, c’est limite ce que Fly attendait. Il sait pertinemment qu’il est complètement injuste, sa possessivité n’a aucune limite. Il sait qu’il abuse et que c’en est lassant, mais il ne sait pas faire autrement. - Je sais que c’pas juste de ma part, j’sais que j’suis un connard en attendant quelque chose de toi alors que moi j’fais mille fois pire à côté. Car c’est pas que du sexe, car il y a des attaches sincères et profondes. - J’pense juste que j’suis perdu, j’pensais pas que ça collerait avec quelqu’un, alors t’imagines, avec toi et lui.. Ça fait du monde pour le gamin qui pensait rester dans l’ombre et ne faire aucun remous. À la place, il a beaucoup trop de relations et crée énormément de tumultes autour de lui. C’est pas ce qu’il avait imaginé. Il rouvre ses yeux quand les mains se retrouvent, uniquement pour observer celles-ci. Il sent la pression de ses doigts contre les siens et même si ça ne se voit pas, Fly se réserve un sourire, loin du regard de Kit même si elle aimerait sûrement y voir le beau tableau. - J’pourrais te le dire, si j’avais la réponse. Mais au fond, il est aussi paumé qu’elle, il ne sait pas pourquoi il fonctionne de la sorte et se déteste d’agir en conséquences. De s’énerver, de criser pour un oui ou non. - C’est pas l’envie de posséder, c’est plus ça. Je veux pas te posséder, ce qu’on avait m’allait, t’sais, t’avoir pour une nuit, et pour les autres. C’juste que ça me rend mal de t’imaginer t’amuser avec quelqu’un d’autre, peut-être l’apprécier comme tu pourrais m’apprécier moi. J’ai pas le droit et j’te jure que j’arrêterais si j’pouvais, mais j’peux pas changer en une semaine parce que tout le monde me dit que c’est pas fair. J’aimerais, mais j’suis désolé de vous décevoir, je peux pas. Ça fait bien des années qu’il essaie et toujours le même résultat, un échec cuisant. - J’fais des efforts, ça se voit peut-être pas comme j’aimerais. Comme le fait qu’il ait ravalé sa haine en imaginant Kit dormir avec un autre homme, avant que ça ne dérape à cause de malentendus. - J’peux pas te promettre de devenir quelqu’un de meilleur, mais j’peux te promettre que je suis en train d’essayer.

« Ca arrive souvent » elle lui explique tranquillement. La prophétie auto-réalisatrice, c’est une autre façon de dire qu’on a tendance à tout saborder quand on a peur d’avoir mal et de souffrir, quand on repousse les autres pour ne pas avoir à attendre que les autres le fassent en premier. Elle a été comme ça Kit, quand elle était ado et qu’elle bataillait avec ses insécurités à elle. Elle le fait encore parfois – souvent – mais elle tente de prendre du recul et de s’empêcher de tout gâcher. C’est peut-être qu’elle a pris confiance en elle, qu’elle sait ce qu’elle vaut et ce qu’elle mérite, du haut de ses vingt-trois courtes années. @Fly continue d’expliquer son état d’esprit avec une honnêteté qu’elle ne lui soupçonnait pas, et ça lui pince un peu le cœur quand il parle de ce qu’il fait à côté même si elle essaie de ne jamais le montrer. « Non, c’est pas juste » elle confirme doucement. Parce qu’elle croit à l’idée qu’on ne doit pas faire aux autres ce qu’on aimerait pas qu’on nous fasse à nous, et que de la même façon qu’elle ne peut pas l’empêcher de créer des liens avec d’autres, elle ne veut pas avoir à calculer tout ce qu’elle dit ou fait de peur de l’énerver ou de la repousser. « Je veux pas savoir ce que tu fais à côté. Le peu que je sais, c’est déjà pas toujours si évident que ça à ignorer. » Comme le prom, où elle n’a pas pu s’empêcher de le voir avec Franz et de voir sa réaction, prêt à courir à sa suite pour se faire pardonner quand il préfère s’enfoncer dans sa mauvaise foi avec elle. « La seule chose que je peux contrôler, c’est comment ça se passe entre nous. Le reste, y a que toi qui peux le savoir. » Aussi dur que ça soit d’admettre qu’elle peut rien faire d’autre, elle le fait avec la même ingénuité que depuis le début de la discussion. Ca lui fait pas peur de se montrer comme elle est Kit, parce qu’elle l’aime beaucoup cette fille-là, elle se dit qu’elle est le genre de personne autour de qui on gravite facilement sans peur d’un couteau dans le dos. Elle continue de le laisser parler, dérouler le fil de ses pensées et se heurter à sa vision du monde à lui et sa volonté de changer sans savoir comment y parvenir. « Tu crois que moi ça me fait rien ? Que je sais que tu vas dormir avec Franz ou Clark ou je ne sais qui et que je me dis good for him, je suis contente qu’il passe de bons moments avec d’autres personnes que moi ? » Elle a un sourire presque triste Kit, pas tout à fait honteuse de l’admettre mais déçue de faire une entorse à sa règle du hot summer girl qu’elle avait prévu pour elle. « Ca me rend mal aussi, de me dire que là tout de suite ton problème c’est que t’as un maxi crush sur Franz et que je suis obligée de faire avec, et que la finalité ça sera peut-être que tu vas te réveiller un matin et te dire que tu veux être avec lui et tu vas me nexter dans la foulée. Mais je fais avec et surtout je te le reproche pas, parce que j’ai pas le moindre droit sur toi. » Et le jour où ça fera trop mal, elle arrêtera, elle laissera tomber parce qu’elle veut pas s’infliger ça pour rien. « Je préfère te le dire maintenant, pour que tu sois moins perdu : je serai pas un deuxième choix, pour personne. Je mérite d’être le premier choix des gens qui me plaisent à partir du moment où c’est plus qu’un plan cul et qu’il y a des sentiments derrière. » Et les sentiments, elle ne les a pas encore, pas vraiment, ils existent mais ne remontent pas à la surface tant qu’elle se refusera à les laisser faire.

C’est presque rassurant de se dire qu’il n’est pas le seul à se tirer une balle dans les pieds et qu’ils sont nombreux dans cette situation vicieuse, de celles dont on ne se rend compte qu’après le mal fait. Heureusement pour Fly, @Kit a la patience de l’arrêter en plein élan. Il veut pas qu’elle s’éloigne, pourtant il l’amenait petit à petit vers la porte de sortie, secouait presque sa main avec un “salut, c’était cool” avant de disparaître pleurer dans les jupes de sa mère. Il reste sensible le gamin, malgré son air indifférent, certaines choses le touchent plus que d’autres, mais il tente d’ignorer ce qui fait mal au coeur. Tendance à enfouir son cœur autre part, plutôt que de se le laisser piétiner par d’autres. Façon pour lui de se dire qu’il peut s'infliger du mal, mais que les autres ne pourront jamais le faire. Il a une grande affection pour l’autodestruction, même s’il a aussi un faible pour le chaos et la destruction des autres. Il aimerait que les choses soient différentes, mais ce serait souhaiter être un autre et même si parfois l’idée est alléchante, il est de ceux qui pensent que la vie est comme elle est et qu’il ne pourra changer ces choses-là. Destiné à être ce qu’il est, on lui a souvent dit d’apprendre à s'aimer et malgré ce qu’il prétend, il entretient que le corps, s’aime pas assez pour prendre soin du reste qu’il a tendance à ignorer. Le ton de la jeune femme est doux, c’est rassurant pour un gamin qui s’ouvre pour l’une des rares fois de sa vie. Il s’est ouvert à des candidats, mais c’était différent. Sa relation avec n’en dépendait pas. Cette fois, c’est différent. Cette fois, il joue sa relation avec Kit. Il tourne son regard vers elle quand elle admet que ce n’est pas évident, pense déceler un semblant de jalousie, soulagé et réconforté dans l’idée de ne pas être le seul à vriller en entendant qu’elle partage son temps avec d’autres personnes. - On a pas besoin de parler des autres pour exister entre nous. Il ne tient pas tant à ces conversations sur les autres, il préfèrerait même les ignorer et faire comme si de rien était. - J’aimerais même qu’ils existent pas quand on est ensemble. Il avoue en reposant ses jambes près de lui, nouant ses bras autour de celles-ci pour les enfermer contre lui. Puis, sa main dans la sienne, contact qui ne sera brisé pour rien au monde. Il sait qu’il la déçoit sûrement en rejoignant les garçons, et autant il apprécie le temps passé avec eux, ça ne veut pas pour autant dire qu’il n’aimerait pas passer plus de temps avec elle. Au contraire, il y passe souvent, à ces moments qu’ils pourraient passer ensemble loin du monde. Pas seulement corps contre corps, il y a plus. Il y a les conversations, les caresses innocentes, les sourires timides et la rencontre des regards. Il y a les moments purs, les moments où il pourrait apprendre à la connaître. Il préfère ne pas parler de sa relation avec Franz, peut-être parce qu’il n’a aucune idée d’où ils en sont et ce qui pourrait arriver. La rassurer serait peut-être mentir et il ne veut pas la décevoir plus qu’il ne l’a déjà fait. - On pourra pas vivre notre relation comme - J’ai pas envie de te nexter, j’pense que j’en aurais même jamais envie. J’sais que c’est pas juste, ni pour toi, ni pour lui, ni pour personne. Mais j’te jure Kit, j’ai pas envie de te perdre. La crainte énoncée sans détour, il a la gorge qui se noue à la simple idée de la voir s’éloigner, de la voir tirer un trait sur une relation qui peine à débuter. - T’es pas mon deuxième choix. Je veux pas que tu te sentes mise de côté. j’sais juste pas comment me débrouiller au milieu de tout ça. J’le dirais pas si j’le pensais pas, mais je tiens à toi. Je tiens aussi à lui, même si tu veux pas en parler. J’crois que j’ai juste besoin d’y voir plus clair, mais je sais pas encore comment faire… Il passe sa main libre entre ses mèches blondes en inspirant. Paumé, c’est vraiment ce qui le décrit le mieux. - Je veux pas qu’on pense que je veux tout, je veux juste trouver comment y voir plus clair et pas vous blesser. J’sais qu’on croit que je pense qu’à ma gueule, mais c’pas le cas. J’essaye de penser à vous, même si j’le fais avec maladresse. Et plus il parle, plus les tensions quittent ces épaules. Ça lui fait du bien, même si c’est effrayant de dire clairement les choses. Même lui s’impressionne. Il ne se reconnaît pas.

C’est ce qu’elle aimerait croire elle aussi, qu’ils peuvent exister dans leur microcosme, reclus des autres, livrés à leur seule relation qui se crée au rythme de l’intensité que @Fly lui donne. Et intense, il l’est, probablement trop y compris pour elle qui peine à le lire et surtout à le comprendre. L’empathe qu’elle est s’écorche contre le cœur fermé du blond, qu’elle essaie pourtant d’entrouvrir un mot à la fois, le forçant à se libérer de ce qui lui pèse depuis des jours. « C’est le cas quand on est ensemble. C’est quand on l’est pas qu’ils reprennent vie » elle souffle sans le regarder. Dans le confort de ses bras, il n’y a qu’eux deux, mais dès qu’ils se séparent, ils sont rattrapés par la réalité qu’ils tentent de fuir chacun à leur façon. L’enfer, c’est vraiment les autres elle songe en retenant un sourire qu’il ne comprendrait pas, l’esprit de Kit dérivant toujours trop vite. Elle s’ancre à nouveau dans l’instant présent, laisse Fly tenter de mettre des mots sur l’agitation qui règne en lui avec plus ou moins de maladresse. Elle ne lui en veut pas – ce serait pourtant plus simple de le faire – ne peut pas lui reprocher de nouer des liens sincères avec d’autres quand elle est capable de faire la même chose à côté, mais elle laisse entrevoir ce que ça lui inspire à elle aussi. Le plus souvent, elle tourne le regard, se distrait l’esprit, tente de ne pas y penser plus qu’elle ne le devrait, mais parfois ça ne fonctionne pas et Kit est prise à son propre piège. Elle ne peut rien demander, ne peut que se contenter de sa seule alternative : la fuite si ça devenait trop compliqué. Le laisser libre, faciliter un choix qu’elle ne lui demande même pas de faire. « Non, c’est pas juste » elle confirme doucement. « Mais j’ai pas besoin que tu choisisses, j’ai accepté les conditions d’emblée et toi aussi. » N’était-ce pas ça, la promesse susurrée à son oreille dans la loveroom ? Ou peut-être qu’elle l’a rêvée, entre deux corps à corps passionnés. Elle jurerait s’en rappeler pourtant, clair comme la nuit. C’est juste qu’elle n’en mesurait pas la portée, noyée dans l’ivresse du plaisir, consciente que c’était plus qu’une simple baise mais pas capable de toucher du doigt son sens. « Je crois qu’au fond tu le sais déjà, mais tu as peur de l’admettre à toi-même parce que ça voudrait forcément dire perdre l’un de nous. » Et Kit n’a aucune idée du nom qui ressortirait, préfère encore rester dans l’ignorance et le laisser en arriver lui-même à sa conclusion, le moment venu. Choisir, c’est renoncer, et Fly est moins gourmand qu’il n’est terrifié de les voir s’échapper. Elle ne répond rien à ses mots, le laisse dire ce qu’il a envie de lui dire, se contente de l’écouter avec douceur. Elle n’a jamais douté du fait qu’il n’était pas égoïste, elle le voit plutôt comme un grand gamin bourré d’insécurités qui se raccroche à eux comme on se raccrocherait à une bouée pour garder la tête hors de l’eau. Mais Kit, elle sait aussi que si le point de non-retour venait à être atteint, c’est elle qui se détacherait pour ne pas lui laisser la possibilité de le faire. Le calme retombe, à peine entrecoupé par leurs taffes sur le joint, et dans la douce légèreté de la weed, elle retire sa main de la sienne brièvement pour venir s’installer sur lui et glisser son regard dans le sien avant de l’embrasser, avec tendresse d’abord, rapidement remplacée par l’avidité qu’il parvient toujours à faire naître en elle. Elle interrompt leur baiser, reprend son souffle juste assez longtemps pour réaliser combien ça lui avait manqué. Kit attrape l’une des mains de Fly pour la poser contre elle, juste entre ses seins. Sous la peau, le cœur s’agite, la cadence infernale. « C’est toi qui fais ça. Ce qu’on a, c’est réel. Je compte pas partir. » C’est la seule promesse qu’elle puisse lui faire à cet instant précis.

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