Malgré l’envie des deux amants, le monde ne disparaîtra pas. Ils resteront bien là, véritables obstacles au bon déroulement de leur relation, comme une façon de les tester. Façon pour eux de se demander s’ils tiennent véritablement à cette relation qui peine à se ficeler dans les règles de l’art, qui laisse un gros trou béant dans les poitrines et la haine au cœur sans qu’ils n’aient laissé cet accès à l’un et à l’autre. Elle s’y est introduit sans prévenir, sans toquer, foutue malpolie qui a décidé qu’elle prendrait place sans son médiocre avis. Pas que ça le dérange, la place qu’elle s’est appropriée, qu’elle soit là, aux côtés d’autres qui ont mis plus longtemps à s’installer, c’est juste surprenant et ça le laisse désemparé. Il sait pas comment faire dans le fond, pour gérer tout ça, pour gérer les émotions qu’elle fait naître, mais aussi la colère qui apparaît quand elle se dit aux côtés de quelqu’un d’autre. Il a pas le droit d’être jaloux, mais sirène l’a charmé dès première nuit, désormais perdu dans les vastes eaux d’émotions, foutu gamin paumé qu’on a oublié de repêché après que le bateau ait coulé. Et il se noie, petit à petit, foutue mort, la plus cruelle apparemment. - J’aimerais que ce soit juste toi et moi, tout l’temps. Ça évitera de retomber trop brutalement sur Terre, où le temps est partagé entre les différents candidats, où ils ne peuvent pas se donner tout leur temps. La grande aventure, celle qui réserve des surprises, sûrement pas à l’abri des déceptions, de la douleur, sait qu'il n'a pas rejoint un paradis malgré le cadre idyllique. Peut-être même qu’à New-York, elle ne se serait même pas retournée sur lui, qu’elle l’aurait laissé faire sa vie en faisant la sienne, que le chérubin n’aurait eu aucune espèce d’importance à ses yeux. Sûrement le cas avec le reste des candidats, Fly reste un gamin qui fait des chorégraphies Tik Tok pour gagner de l’argent et qui rage derrière des jeux vidéos en balançant toute sorte de conneries. L’aventure offre d’autres possibilités, ouvrent des portes qui seraient restées fermées à l’extérieur. Maintenant, il se retrouve au milieu d’un triangle amoureux ; à l’extérieur, il aurait fui; ici, il n'a pas vraiment le choix que d’y faire face. Pas de choix à faire, c’est pas vraiment ce que @Kit lui demande et il en est soulagé. Pas encore prêt à faire de choix, pas encore au clair avec ses propres émotions ; gros bordel dans le cœur qui se retrouve pris en otage par les doux yeux de la brune et par les caresses réconfortantes du brun. Il aimerait tout avoir, et finalement, c’est la peur de les perdre tous les deux qui l’emporte. Il secoue sa tête comme seule réponse ; certes égoïste, jamais il ne pourrait faire poireauter quelqu’un dans l’attente d’une réponse de sa part, il ne se permettrait pas de jouer avec elle ou avec Franz. Le cœur est là, même si enfoui très loin dans sa poitrine. Perdu dans ses pensées, il entend les mots de Franz d’une oreille et les discussions sur l’oreiller qu’il a eu avec Kit de l’autre. Torturé entre ce qu’il ressent, il manque la période où il ne ressentait rien, où le cœur était vide et que l’esprit n’était pas tourmenté par les émotions diverses qu’un homme peut ressentir. Il relève alors ses yeux sur elle quand elle prend place sur ses jambes, l'interroge brièvement du regard avant qu’elle ne vienne l’embrasser. Douce délivrance dans un son Enfer, il pose ses paumes contre ses hanches, se laisse tenter par le goût de ses lèvres le temps d’un instant avant qu’elles ne disparaissent aussi vite qu’elles sont apparues. Mine déçue quand le visage s’éloigne du sien, mais la garde toujours précieusement proche de lui, prison des bras autour de son corps. Reconnaissant pour les mots rassurants qui ont l’effet tranquillisant recherché, sans savoir si ce sont les douces paroles ou l’effet de l’herbe sur l’esprit engourdi. - J’te jure que je tirerais tout ça, toutes mes pensées, au clair. Ça prendra un certain temps, mais sait qu’il finira par comprendre, espère au fond qu’une foutue illumination le frappe. - Et si j’le fais pas, t’auras le droit de t’en aller. Parce que peut pas abuser de sa patience, elle s’est déjà montrée beaucoup trop conciliante avec lui. Alors lui offre la chance de s’en aller, quand elle en aura marre, pas besoin de promettre qu’elle restera indéfiniment. L’embrasse encore, peur que le goût de ses lèvres viennent à lui manquer éternellement, besoin d’y goûter, d’imprimer la forme de sa bouche contre la sienne. Peur d’une fin qui n’arrivera pas selon elle, mais qui semble inévitable sous la pression du temps. Elle mérite mieux, c’est certain.

Ca ne tient qu'à toi, elle voudrait murmurer à son oreille comme une promesse. D'être juste elle et lui, tout le temps. Il n'aurait qu'à lui demander qu'elle le ferait sans même une once d'hésitation. Elle est comme ça Kit, même quand elle voudrait ne pas l'être, obligée de donner sans conditions et d'embrasser pleinement ce qu'elle ressent sans se juger elle-même. Ce n'était pas le plan, ils le savent tous les deux. Tout devait être clair, facile, le jeu si naturel qu'ils ne s'étaient pas imaginé une seule seconde qu'il puisse devenir autre, prendre racine quelque part entre leur coeur et leur âme, la connexion si vive sur l'instant qu'ils n'en réalisaient pas pleinement la magnitude. Mini tremblement de terre entre les draps de la loveroom, ils s'étaient trouvés comme on se trouve rarement pour mieux se perdre dans la foulée. Il y a quelque chose de viscéral dans l'idylle, de si concret que ça la fait presque paniquer. Pas le plan, elle intime à son cerveau de se rappeler. Hot summer girl, c'est ça le plan. Des flirts sans conséquence, sans ampleur, des histoires qui ne veulent rien dire, qui ne font pas crépiter le coeur, qui adoucissent mais s'oublient presque aussitôt. Elle est désemparée sans aucune boussole pour la guider, alors elle tente de se laisser porter comme elle peut, de balayer les doutes qui rongent l'esprit, de se convaincre qu'elle peut seulement profiter et ignorer le reste, les autres. Surtout les autres. « T'es pas prêt pour ça » elle répond, l'inflexion moqueuse pour dissimuler le sérieux qu'elle glisse dans ses paroles. Pas prêt pour elle. Et elle ne lui en veut pas, Kit, se persuade qu'elle peut se contenter de ce qu'il a à lui donner, de ne pas attendre plus, elle a trop peur d'être déçue et de quitter l'aventure sur une blessure qu'elle n'avait pas anticipée. Les promesses qu'il murmure sont encore trop vides de sens, il doit le sentir lui aussi, elles se dessinent en filigrane, parfaitement intangibles tant qu'il n'y aura pas de choix, même si elle refuse de le lui imposer. Il jure, et elle voudrait poser un index sur sa bouche pour le faire taire. C'est pas ce qu'elle lui demande. C'est ce qu'elle voudrait, mais elle a depuis longtemps abandonné l'idée de forcer les gens à prendre des décisions qu'ils ne sont pas prêts à prendre, c'est un principe de vie. « Je sais. » Ca lui fait un peu peur, la pièce en fifty-fifty, une chance sur deux que ça retombe pas du bon côté et qu'est-ce qu'il lui restera exactement ? Il a le beau rôle, Fly, dans tout ça. Gagnant quoi qu'il arrive, même s'il voit ça comme la pire situation possible. Kit ne peut pas lui donner plus que ça, les certitudes de l'instant, le coeur qui bat au moment présent au seul contact de ses lèvres sur les siennes, qui le réclame tout contre elle comme dans la loveroom. Elle hoche doucement la tête, hésiterait presque à se saisir de l'opportunité de le faire dès maintenant, pour faciliter la tâche de tout le monde et s'épargner la chute qu'elle voit se profiler à l'horizon. Prise dans ses propres paradoxes, l'esprit qui cherche tout et son contraire sans parvenir à se fixer sur une seule décision. Elle fait la seule chose qu'elle peut faire : se donner, comme elle est, et ne rien regretter si ça ne suffit pas. Dans le fond, ils ne sont pas destinés à devenir quelque chose d'autre que deux candidats dans une télé-réalité à la recherche d'un truc éphémère. « C'est fucked up, ce que tu dis. J'ai pas à attendre que tu te décides, ça peut pas fonctionner comme ça. » Et puis quoi, elle se tient à disposition jusqu'à ce qu'il se décide ? Le rôle est vraiment dégueulasse, pas celui qu'elle veut pour elle. « Ce qu'on a, maintenant, c'est ça qui compte. Je veux pas penser à plus tard. » Peut-être qu'à force de se le répéter, elle finira par y croire. Leurs lèvres se retrouvent, elle s'y abandonne l'espace de quelques secondes avant de se détacher pour de bon de lui. « Je dois filer, Paige et Blaise m'attendent pour qu'on aille en ville. Mais merci pour la discussion. Je crois qu'on en avait tous les deux besoin. »