Il s’amuse comme s’il avait douze ans, avec son silex qu’il peut utiliser une fois tous les deux siècles, et qu’il a glissé dans son sac à dos de rando avant de quitter la villa avec des étoiles dans les yeux. Il a maté tous les épisodes de Bear Grylls et il s’est amusé, avec son pote de toujours, à tenter à son tour des épopées dans la nature sauvage, en prenant plus de précautions que l’ancien des forces spéciales, beaucoup plus rodé qu’eux à l’exercice. Il n’empêche qu’avec le temps, il a appris pas mal de trucs, et il se dit que dans le cas d’un parachutage en Amazonie ou sur une île déserte, il s’en sortirait mieux que beaucoup. Reste qu’il n’est pas foutu de reconnaitre un champignon comestible et de savoir quelles plantes il peut ou pas bouffer, mais bon.
@Noor se fout de sa gueule, ça lui arrache un sourire parce qu’il sait combien il doit avoir l’air con, à taper un feu de camp sauvage au milieu d’un lac qui n’a, lui, rien de sauvage. Ils sont au Kansas à côté d’une ferme, il lui suffisait d’embarquer une boite d’allumettes et c’était réglé, mais il rêvait d’utiliser le silex, plus pour nourrir sa propre faim d’aventure que pour impressionner la fille à ses côtés.
— J’aimerais trop que ça arrive, dit-il en le pensant vraiment. Se retrouver sur une île déserte. Tout seul, ce serait le giga kiff, avec quelqu’un de débrouillard encore plus, mais il est même prêt à relever le défi de se retrouver à devoir gérer sa survie et celle d’une demoiselle en détresse. Un psychiatre s’en donnerait à cœur joie d’interpréter ce désir profond d’aider, de secourir une entité féminine, de la part d’un môme abandonné par sa maman, mais Dieu merci,
Noor excellence en d’autres domaines que la psychanalyse. Il sert les gin to sans radiner sur l’alcool, hochant la tête à l’entente de la remarque de
Noor.
— Oh mais j’comptais pas t’épargner. Il lui tend son cocktail, souriant, avant d’y plonger une paille. Ça monte plus vite.
— Ça reste quand même le moyen le plus fiable de se réchauffer, l’alcool. Se réchauffer et oublier, aussi, croyez-en l’ancien boxeur bulgare qu’il a pour père. Il rit quand elle lui parle de son statut de victime de la production, mais faut dire que c’est pas totalement exagéré.
— Ils savent que tu fais de l’audience, c’est plutôt flatteur, vois ça comme ça. Lui, en tout cas, en est persuadé.
#Noor est l’un des hashtags les plus utilisés sur Twi en ce qui concerne OMB2, il n’a pas besoin de hacker les téléphones portables donnés par la prod pour aller checker ce qu’il considère comme une évidence. A l’entente de sa demande, il lève une main pour lui renvoyer la balle, pas concerné sur le sujet Olivia.
— Gère ça avec ta pote, demande-t-il en écarquillant les yeux avant de se marrer, trempant les lèvres dans son gin to surdosé.
Noor lui demande son avis sur Olivia, une question risquée, et il n’oublie pas qu’il est filmé, enregistré, et que tout ce qu’il pourra dire ici se retournera contre lui samedi. Fucking hell.
— Plein de fois j’me dis “c’est pas possible, elle joue un rôle”. Personne n’est comme ça. Et puis parfois, j’la regarde, je l’écoute, et j’me dis “merde, elle est vraiment comme ça”. Il avale une nouvelle gorgée d’alcool et trempe les lèvres dans sa tranche de citron vert, savourant l’acidité qui se cogne à l’alcool. Il jette à
Noor un regard en biais.
— J’aimerais bien que son secret vienne casser tout ça. Elle construit des barrières autour d’elle, des remparts qui à moi me paraissent friables comme du sable. Et je peux pas m’empêcher de mettre un grand kick en plein dedans pour que tout s’écroule. C’est vraiment ça, en fait. Quant à Rumer…
— Ça se passerait encore mieux si les gens arrêtaient de faire comme s’il devait absolument se passer un truc entre elle et moi, avoue-t-il dans un demi sourire.
— J’suis pas venu ici pour trouver l’amour… Toi si ? Il lui demande, curieux de connaitre les raisons qui se cachent derrière cette course qu’elle tape après Jules, ou plutôt, ce marathon qu’elle n’entend absolument pas perdre, ne laissant personne la distancer.