L'arrivée était étrange, j'avais l'impression d'être un de ces gosses à qui l'on apprenait à marcher, alors que très franchement, c'était pas si compliqué que ça. On nous donnait des instructions assez claires, alors qu'on avançait tous jusqu'à la salle principale où pas mal de personnel technique s'activait autour de nous. C'était un peu la folie, mais j'me laissais pas pour autant abattre, trouvant rapidement la chaise qui était à mon nom alors que mes doigts déroulaient la lettre sous mes yeux. Ce proprio, c'était un p'tit malin. J'me demandais quel âge il avait pour nous parler de ses années en 77. Reposant la lettre sur ma table, je jetais un instant un oeil à mon reflet dans le miroir avant de tourner sur moi-même pour comprendre la dynamique de la pièce. Je voyais un portant avec pleins de fringues à mon nom, mais franchement je savais pas trop si j'devais opter pour tout ça ou non, c'était un peu trop. J'étais un gars simple, genre, un tee shirt blanc, un jean et j'étais paré pour l'hiver -parce que ouais, j'étais pas très frileux non plus. Je me dirigeais donc naturellement vers le buffet, alors qu'un autre résident (LIBRE) semblait hésiter entre tous ces choix. « J'te conseille les tapas. » que je lâche de mon accent espagnol beaucoup trop prononcé pour passer inaperçu. « Me llamo Vicente, et j'espère que je suis pas le seul a être aussi euh... confuso par tout ce qui se passe ici. » j'étais pas particulièrement doué pour parler anglais, mais j'pense qu'on arriverait quand même à me comprendre, non ?

très honnêtement, il aurait jamais pensé en arriver là, eli. à la sélection, aux plateaux. de base, tout ça, c'était un genre de pari. puis, il y a eu des idées, des pourquoi pas - et au final, il est là. à suivre le troupeau comme une andouille parce qu'il est un peu trop tard pour faire marche arrière. oh, pas qu'il regrette. il tentera tout ce qu'on peut bien lui proposer dans la vie. c'est juste que ce monde est bien loin du sien, même si au fond, géographiquement assez proche. il a grandi pas bien loin, dans un autre coin de brooklyn. c'est sûr que même pour un truc comme ça, il serait pas allé à l'autre bout du monde. son prénom sur une chaise. il est loin, le capitaine albright. la lettre d'un maitre du jeu les invitant, déjà, à commencer la partie. après tout, pourquoi pas ? c'est bien pour ça qu'ils sont là. et si les équipes s'activent, il y a probablement déjà des caméras, déjà de quoi les épier. et tenir en place, ce n'est pas vraiment son fort. le style non plus, alors, il se dirige vers le buffet, plutôt que les monceaux de vêtements. ce sera pour plus tard, histoire de se donner l'air - disons, d'un candidat. de ce qu'ils attendent. en attendant, autant sympathiser un peu, et profiter de ce qu'on leur offre. amusant, comme il reconnait le logo d'une boulangerie du coin pas loin de rugelach. mélange un peu étrange, mais aussi cosmopolite que la ville ou ils se trouvent. et le casting, visiblement. à voir si la même chose finira à l'écran. et il sourit, en levant les yeux vers le garçon qui l'accoste. « gracias compañero » il a un accent un peu indéfinissable, eli. du genre de ces gosses qui ont eu trop de racines. c'est que si les sonorités, autant que son faciès ne mentent pas, il n'a pas vraiment grandi dans un pays hispanophone. mais il le parle assez pour continuer. c'est qu'il n'a pas l'air trop à l'aise en anglais, le vicente. « paumé, esa es la palabra que estás buscando » un léger rire, et une tape sur son épaule, juste un instant, mais il est trop tactile pour son propre bien, faut croire. « no estoy segura de que sean tan auténticas... je suis eli, au passage. et si t'es sucré, je tenterais le rugelach. pas besoin de gouter pour te dire qu'il est bon. » c'est plutôt bien, au fond, qu'ils les laissent sympathiser, plutôt qu'ils aient tous à attendre chacun de l'opposé. plus simple, histoire de rendre tout ça moins hors du commun. malgré les fils et la technique. ils restent humains, tous.

Wouhou ! Ca y est, cette nouvelle aventure commençait. Enfin, pas tout à fait, pour l’instant, j’étais encore dans la dernière phase de casting, mais wow, c’était tellement excitant. On était tous là, on avait tous l’air complètement perdus, mais franchement, à quoi bon réfléchir à qui ou à quoi quand on a un buffet comme cela devant les yeux ! J’avais quand même pris le temps de lire la lettre de ce vieux proprio. Bon, il ne nous indiquait pas grand-chose de précis, en gros, on n’avait plus qu’à prendre notre mal en patience. Enfin si, on pouvait s’occuper avec un nouveau challenge. Et j’allais tenter, mais là tout de suite, le buffet m’attirait davantage. Bien sûr, j’allais en profiter pour prendre le temps de rencontrer mes potentiels futurs compagnons de jeu, mais chaque chose en son temps. Et franchement, il y avait cette table aussi, cette grande table noire de laquelle on ne devait pas s’approcher. J’avoue qu’à moi, quand on me dit de ne pas toucher quelque chose, j’ai forcément envie d’aller voir ce qu’il s’y trame, mais bon… Il vaut peut être mieux que j’évite de me mettre la direction à dos d’entrée de jeu. J’avais rapidement regardé le portant qui m’avait été confié, j’y trouverai mon bonheur sans aucun doute. Mais j’avais bien trop envie de profiter du buffet pour penser à me changer dès maintenant. Maladroite comme j’étais, on n’était pas à l’abri d’une tâche, et ça serait vraiment dommage de devoir renoncer à la robe de mes rêves, juste parce qu’un morceau de pizza aura terminé sa trajectoire sur ma tenue. En parlant de pizza, c’est sur ce premier plat que je décide de jeter mon dévolu. Une pizza qui semble être aux quatre fromages, ça ne pouvait pas être un mauvais choix. Je m’approche donc du buffet, il y a déjà deux types qui s’y tiennent, et j’allais leur tenir compagnie, mais en écoutant, je me rends compte qu’ils ne parlent pas en anglais, mais plutôt en espagnol, je crois ? Très peu pour moi. Tant pis, je reste à l’endroit de la pizza. J’en prends un premier croc et… « Wow… Cette pizza est divine ! » Je ne peux m’empêcher de le dire à voix haute, cherchant un regard complice en la personne qui se trouvait à côté de moi (LIBRE). « J’espère qu’on aura le droit aux mêmes pizzas une fois que l’aventure aura commencé ! » dis-je en prenant une seconde bouchée. « Moi c’est Gemma. » finis-je avec un sourire à cette personne qui avait apparemment décidé de me faire confiance et de prendre à son tour un morceau de pizza.

J'étais toujours aux mains de la maquilleuse qui s'occupait de moi depuis le début de la soirée. Il faut dire que la production n'avait rien laissé à désirer pour cette première édition qui s'annonçait comme l’événement télé-culturel de ce printemps. Au final, ce n'est pas tant le fait qu'on soit à mon service qui me dérangeait, j'avais déjà cette habitude un peu étrange que ce genre de chose ne me procure plus aucune gêne tant j'avais baigné dedans depuis mon enfance et encore aujourd'hui grâce au train de vie que je mène. C'était plus cette sensation un peu spéciale de me dire que j'allais peut-être bientôt entrer dans une aventure entourée de personnes toutes plus différentes les unes que les autres alors que j'étais d'un naturel plutôt solitaire. Tout le monde finira par se jauger très vite, et ce petit rendez-vous commun était l'occasion de faire une bonne première impression ou d'au moins marquer les esprits. J'avais fini par faire comprendre à mon bourreau du moment que je m'en sortirais bien seule histoire de pouvoir souffler quelques secondes alors que je prenais connaissance du message du propriétaire, Georges, à qui j'avais eu le plaisir de m'adresser durant mon casting. Il a l'air assez dur de la feuille pour son âge, mais ça n'a pas l'air d'être un méchant garçon. Je suis sûr qu'au final, on finira par bien s'entendre tous les deux. Bon voyons voir un peu les lieux. Je finis par me lever de la chaise haute, alors que je vois déjà certains candidats qui se sont jetés sur le buffet. J'avais l'estomac assez noué pour ne pas pas avoir faim et je pense que de toute façon, avec le stress montant, je n'aurais pas eu la force d'avaler quoi que ce soit. Mes yeux se perdent un peu d'un bout à l'autre de la pièce, alors qu'une des mes mains vient rabattre ma crinière sur le coté et que je cherche du regard @Octave histoire de garder une présence rassurante dans cet inconnu encore angoissant. Il fallait tout de même que je garde contenance, ça serait sûrement très mal avisé de se laisser apparaître quelques faiblesses dès maintenant. Participer à des galas, afficher une image lisse, j'étais assez coutumière de tout ça. Mais c'était assez différent aujourd'hui. Je ne savais pas à qui je m'adressais particulièrement et je ne savais donc pas comment me comporter, comme si un grain de sable venait se loger dans une machinerie que j'avais mis des années à intérioriser. Je finis par me diriger vers le buffet, sans grande conviction, prenant une coupe de champagne en offrant un fin sourire aimable aux deux candidats déjà présents (@Vicente et @Eli). Deux espagnols ? Heureusement que j'avais la chance d'être polyglotte. On verrait bien si la communication en serait difficile.  Ils ont l'air déjà de faire ami-ami, je me voyais mal trop les déranger, alors je m'apprête à rejoindre l’îlot auquel j'ai été affecté. C'était sans compter @Gemma qui venait laisser entendre son extase sur la pizza quatre fromage prêt de mon oreille. Et bien, certains avaient déjà l'air très enthousiastes. « C'est le jeu qui t'ouvres l'appétit comme ça ? » que je demande alors à la brune à mes cotés d'un sourire amusé. J'aurais aussi aimé profité de tout ça, mais malheureusement, j'étais encore focalisé sur autre chose. « Brice. » que je finis par lui répondre pour me présenter à mon tour, d'un ton amical. « J'ai un peu remarqué que ton regard louchait sur la table avec la nappe, heureuse de voir que je ne suis pas la seule curieuse sur le sujet d'ailleurs. » que je fais en portant mes lèvres sur mon verre pour venir en prendre une gorgée. « Tu as déjà une idée de ce que l'on pourrait nous réserver ? ». Je demande quand même intéressée. Ça pourrait être important de savoir l'avis de chacun sur tout ça.

L'excitation se mêle à l'ambition d'un prime parfait et la pièce se transforme lentement. Les mots qui se mélangent aux cintres que l'on retire pour mieux reposer, aux accessoires qui clinquent sur leurs stations. Ses doigts se perdent sur son nom brodé sur le dos d'une chaise et attrape l'enveloppe qu'elle prend le temps de lire. Le nez légèrement froncé au langage familier et après une relecture, elle la repose sur ce qu'elle imagine être son espace. Son équipe absente, elle en profite pour rejoindre la station traiteur, dévie aux accents espagnols pour le bar. Le besoin d'être social qui clashe avec celui de tout observer, ce désir de retenir chaque visage, d'arpenter chaque dynamique. « Un jus de pomme s'il vous plait. » La mélodie presque silencieuse au barman souriant, l'alcool inutile. Elle le remercie d'un sourire et d'un mouvement de tête gracieux avant de lui tourner le dos, adossée au bout du bar. Ses yeux balaient la scène, s'attardent sur cette nappe et les surprises qu'elle renferme. Le bruit de ses talons qui se perdent dans l'ambiance agitée et la curiosité acérée, elle observe les tenues masculines d'un portant près d'elle. Le visage neutre mais la tête qui se penche parfois, imaginant ci et là entre ces tissus. L'espoir de l'absence d'extravagance dans les siens se meurt petit à petit. Elle ne peut s’empêcher de froisser le nez au costume jaune. Les prunelles qui quittent la monstruosité, elle les pose sur celui qui s'est arrêté près d'elle il y a quelques secondes. (libre) « Je suggère une extermination immédiate. » L'humour qui flirte avec sa voix, ses lèvres s'esquissent en un sourire mutin.

t'observes tranquillement la multitude de vas et viens autour de toi avec cette petite étincelle dans le regard. tu ferais presque tâche dans le décor si t'étais pas un des potentiels candidats. tu glisses deux-trois sourires emplis de politesse aux aspirants de l'îlot 3 (@laura, @hayden) avant de te lever. bon c'est pas que je m'emmerde... mais un tout petit peu quand même. tu te promènes un peu dans les coulisses, t'observes les regards apeurés, les doigts tremblants, les pieds qui font vibrer le sol de leur excitation puis les masques indéchiffrables. t'as ce grand sourire sur le visage parce que tu sais que sélectionné ou non tu risques pas de t'ennuyer. tu perds pas une miette de ce qui se passe, tu détailles chaque carrure et chaque regard, t'entends des mots prononcés en espagnol et des tacles subtils. tu décides de t'arrêter près des pendants des candidats masculins, quelle surprise d'y trouver un membre du sexe opposé (@safia). je suggère une extermination immédiate. tu souris, comme pour entrer dans son jeu et prétendre qu'elle est plus intéressée par les vêtements que par l'idée de mater un des candidats en train de se changer. plutôt d'accord, le costume jaune est pas la meilleure des idées. même s'il t'irait carrément à toi. tu t'adosses à côté d'elle. mais j'suis sûr qu'il rendrait mieux sur toi que sur n'importe quel mec ici. tu places subtilement le compliment en regardant les autres candidats défiler d'un endroit à l'autre.

Alors c'est ça New York ? Wooow c'est chanmé ! C'était les premières paroles de Goliath lorsque, depuis la voiture qui était venue le chercher à l'aéroport, il avait de ses grands yeux ébahis apprécié chaque détail de cette visite rapide.

Ce soir, le voilà entouré de maquilleuses qui s'affairaient pour le préparer pour LE grand jour, celui qui pourrait à jamais changé sa vie. Lui il comprend pas trop ce qui se passe, ça va trop vite. Alors il reste là et patiente, en regardant toujours avec ce même air tout ce qui se déroulait devant lui, depuis la chaise qui portait son nom. Chanmééé ! Des stylistes qui se faisaient enguirlander, des producteurs en colère qui hurlaient au téléphone, et des gens comme lui qui se faisaient "chouchouter".

Mais tu vas pas me mettre du maquillage, je suis pas une fille ! qu'il avait dit à Phoebe, la petite brune à lunettes qui se chargeait de lui faire une beauté. Ça l'avait fait rire. Un rire doux et sincère, qui avait fait du bien à la jeune femme sûrement en plein stress de peur de se rater. On My Block, c'était l'évènement télévisuel à ne pas manquer, et Goliath allait peut-être en faire partie. Il cherchait @Ariel du regard, mais ne l'apercevait pas.

Une styliste du nom de Marie-Claude se présenta à lui pour lui faire essayer toutes sortes de tenues. Wouaaa mais ça serre trop ce pantalon. Je peux pas mettre un truc plus confort ? Le regard sévère de la rouquine aux airs d'institutrice l'avait poussé au silence, se laissant manipuler comme un jouet par tous ces professionnels de la mode qu'on avait embauché pour mener à bien les derniers préparatifs.

Il avait lu la lettre, et l'humour du proprio l'avait bien fait rire. Il a l'air gentil. Dans quelques heures Goliath saurait s'il avait fait tout ce chemin depuis Walla Walla pour rien, ou si une nouvelle vie s'offrait à lui. En attendant il allait se changer les idées en se dirigeant vers le buffet. Perdu au milieu de cette fourmilière, une agitation dont il n'a pas l'habitude de vivre si ce n'est aux heures de pointe du McDo dans lequel il travaille, il croise le regard d'un grand blond, @Dylan. Hey salut man ! Dis, pourquoi t'as des habits cool toi ? Des habits conforts. Moi y a leur pantalon qui me remonte au niveau de l'entrejambe c'est super désagréable. Mais bon... j'ai une super chemise t'as vu ? Sourire béa au visage, il cherche quoi prendre au niveau du buffet. T'es de l'îlot 4 aussi ? Tu penses qu'il vont nous envoyer sur une île déserte ? Y a des îles désertes à New York ?